L'inventeur indépendant doit tout d'abord se fixer un objectif. Cherche-t-il le profit, la notoriété ou le bonheur?
D'une manière générale, on peut protéger n'importe quelle idée. J'ai vu au salon des Inventions de Genève, il y a une quinzaine d'années, un inventeur belge qui exposait une centrale thermique non polluante chauffée à l'électricité! Pour le démarrage, elle était alimentée par une centrale hydro-électrique "perpétuelle", l'eau remontant à l'amont de la turbine par un effet de perspective, à l'instar des dessins d'Escher. Pour un industriel ou un banquier, un brevet ne constitue donc pas une garantie.
Un brevet ne constitue pas non plus une garantie de succès commercial. Georges de Mestral reconnaissait que sa meilleure affaire n'avait pas été le génial Velcro, comme on aurait pu le penser, mais bien un simple couteau à éplucher les asperges. Pour ma part, si je suis cité comme inventeur dans huit brevets, je reconnais humblement qu'un seul a donné lieu à un succès commercial.
L'inventeur indépendant tire souvent son inspiration des problèmes de la vie quotidienne; voiture, construction, ménage. Sitôt sa demande déposée, il va chercher des débouchés. Or l'industriel contacté peut avoir de multiples bonnes raisons de ne pas s'y intéresser. Au début, la démarche de l'inventeur est essentiellement rationnelle; elle devient par la suite passionnelle. L'enthousiasme qui l'anime le mène souvent à sa perte. Aussi est-il capital qu'il soumette son idée à la critique de personnes compétentes, le cas dans le cadre d'un accord de confidentialité.
C'est précisément l'un des buts de l'IRO que de créer un tel cadre de discussion. Le comité a ainsi mis en place un service de conseil susceptible de venir en aide aux inventeurs soucieux d'évaluer leur projet.
«Un brevet constitue la protection juridique d'un procédé ou d'un dispositif. En réalité, il appartient au titulaire d'attaquer en justice son contrefacteur; vu le coût et la durée d'une telle démarche, il est rare qu'il s'y engage.»
Dominique Noir
|