EDITO

L'innovation, un joli sujet de discours, prétexte à toutes les envolées lyriques mais qu'en est-il dans les faits? Il ne se passe rien mais vraiment rien.

De 1945 à 1985, la Suisse a gravi des places enviées dans des statistiques mondiales. Souvent, en rapport à la population, notre pays était champion toutes catégories dans des disciplines les plus diverses comme le nombre de brevets détenus, les Prix Nobel, les exportations, la productivité, la croissance économique ou encore le niveau des infrastructures, sans compter la précision des trains, la qualité des services publics et le chômage au niveau de 0,0 à 0,5%.

Petit pays dans la cour des grands, nous n'avons pas explosés comme la grenouille de la fable mais nous nous sommes endormis les yeux ouverts. Tel un somnambule, nous marchons sur notre lancée mais nous ne voyons pas encore le danger. Nous réveiller? Ce serait peut-être la chute... Aussi faisons comme si de rien n'était, telle est l'attitude de la majorité de nos dirigeants et responsables politiques. Malgré que nous bénéficions des expériences connues de tous nos voisins européens, avec 15 ans de décalage, nous employons les mêmes recettes dépassées: Règlements toujours plus contraignants à la façon allemande, développement de l'administration à la sauce française, démontage de la nation à la belge, nucléisation du pays à la mode espagnole, accroissement des charges à la suédoise, découverte de la corruption à l'italienne, rupture du dialogue à la British et même accroissement de l'esprit procédurier à l'américaine. Jusqu'où irons-nous avant de nous réveiller?

Est-ce qu'après la débâcle du 700e, le projet fabuleux de l'Expo.01 sera enfin l'avènement du prince charmant qui réveille Helvétie en douceur et en beauté? Sans jeter le bébé avec l'eau du bain, réinventons la Suisse, soyons audacieux et imaginatifs. Ayons l'esprit d'ouverture aux nouvelles technologies, aux nouveaux médias, à la recherche, à la formation, à l'éducation aussi, à la culture de l'effort et à la philosophie. Alors les muses nous accompagneront et les arts se développeront tout naturellement, y compris l'art de vivre. Archimède aura à nouveau du temps pour prendre son bain et brosser le dos d'Helvétia avec volupté.
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Narcisse Niclass