_ No 13 - printemps 2002 Print

Qui a une idée ???

L'invention est souvent assimilée à la technique, aux sciences exactes et à la production d'un objet, d'une machine, d'un nouveau produit. Pourtant, à la base, au départ, il y a une idée. Le mot, la chose et sa représentation. En ces temps où le monde réel s'efface devant le virtuel ou l'inimaginable, la preuve est faite que les idées peuvent renverser les choses. Alors, pourquoi n'investissons-nous pas dans les idées afin d'influencer le cours des choses ?

Le mot: “Confédération Helvétique”, la chose: “Un état tranquille au coeur de l'Europe”, sa représentation: “Banques, montres et chocolats”. Il serait peut-être temps d'avoir un débat d'idées afin de changer la représentation de la Suisse. Cette vision nous endort, nous empêche d'avoir un débat d'idées. Nous vivons à crédit, sur les acquis du passé. Tel un navire nous bénéficions encore d'une certaine force d'inertie mais nos dirigeants, cadres et politiciens sont à la traîne. Complexés par des petits pépins historiques, nos chefs sont paralysés et oublient qu'ils ont deux hémisphères cérébraux. Face à des problèmes concrets, relativement nouveaux, les idées neuves manquent pour apporter des solutions pratiques. Les mécanos ont peur de mettre les mains dans le cambouis et les ingénieurs n'osent pas remettre l'ordre des choses en question. C'est ainsi que gentiment, avoir une idée est égal à regarder vers Zurich, un peu vers Genève, parfois à l'étranger mais jamais à Berne.

Pour défendre une idée, aujourd'hui, il faut parler le switzertütsch. Une mauvaise idée en allemand passe mieux qu'une bonne idée en italien ou en français. Personne ne remet en cause cet état de fait. Le cas Swissair en est une belle démonstration. Demain il y aura les CFF, peut-être La Poste mais déjà notre système de santé va à la faillite financière.

Le pacte de 1291 est rédigé en latin. Jusqu'en 1945, le français était au moins l'égal de l'allemand et les Suisses alémaniques se baignaient volontiers dans la culture francophone. Quand le goût du consensus, cette qualité bien helvétique, a été abandonné au profit d'un vote clair et majoritaire, la machine s'est grippée. Pour former une culture et l'imprégner à un peuple, il faut certainement deux ou trois générations. Comment nos chefs nationaux torturés entre le germanisme, l'alémanisme et la suissitude peuvent-ils vivre ? Mal visiblement si l'on fait une analyse du contenu des idées ou de l'absence d'idées. Visiblement à tous les niveaux, nos élites ne se remettent pas en question et tels certains “visionnaires” qui osent déplacer la rouille du Mésoscaphe comme attraction, ils puisent dans le passé proche leur quotidien.

De quoi sera fait demain ? Un copier-coller ? Il est temps de se renouveler, d'ouvrir la scène à des idées novatrices, qu'il faut chercher, produire et mettre en oeuvre. La rubrique Start-Up, sur invention.ch est une plate-forme gratuite entre consultants et créateurs d'entreprise.