EDITO
La belle illusion.
Croire que tout le monde se comprend parce que nous employons les mêmes mots c’est une illusion. Le champ des découvertes a explosé au siècle passé. L’encyclopédie est condamnée à demeurer incomplète pour tenir dans nos bibliothèques. D’ailleurs, qui veut encore d’une encyclopédie sur papier quand deux galettes et Internet font l’affaire ? Nos schémas de pensée, eux, malheureusement, n’ont pas évolué. Socrate, dans les rues d’Athènes il y a 2'500 ans, proposait déjà des réponses à nos problèmes de société avancée. Il progressait par questionnement. Aujourd’hui, les champs de réflexion sont étroits. La presse écrite même est prise dans l’immédiateté. Les modes imposent un nouveau vocabulaire. Des mots-valises véhiculent des concepts alors que nous ne maîtrisons pas les signes et les lettres. Faibles dans notre langue maternelle, nous voulons tous être polyglottes. Nous en devenons xyloglottes. L’anglais de cuisine est notre nouveau latin mais nous ne sommes pas tous des moines lettrés.
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Nous partageons des mots sans être d’accord sur leur sens.
En Chine, j’étais très à l’aise avec mon anglais scolaire. Je me suis entretenu longuement avec des inventeurs iraniens, pakistanais et russes. Les attitudes simiesques plus un sourire et des expressions du faciès font souvent l’affaire avec des interlocuteurs bien disposés. Mondialisation globalisation frémissements économiques village global. citoyen du monde effets collatéraux altermondialisme libre-échange réseau polarisation droits de l’enfant Droits de l’Homme monde arabe. Palestine diaspora juive juif américain espace social politiquement correct blairisme société à deux vitesses écologie politique économique agriculture et culture ne sont même plus des mots simples et clairs pour tous. Quand les tours de verre se seront effondrées, peut-être que l’eau, l’air, la terre, le pain, signifieront quelque chose pour chacun. Il est temps d’inventer le mot valise économie-citoyenne afin que la race humaine survive. Tous nous pouvons choisir.
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