_ No 18 - printemps 2007 Print

Kaléidoscope

Le journalisme est-il le lieu d’une crise profonde, d’une perte de repères et d’identité dans un monde où il y a de plus en plus de médias, mais paradoxalement de moins en moins de réel pluralisme. On peut rétorquer que l’arrivée des journaux gratuits a favorisé la diversité et le pluralisme. Billevesées car la majorité ne livre que des textes d’agences, des événements people. Encore faut-il préciser qu’un fort pourcentage de ces journalistes ne sont en réalité que des pseudo-journalistes, ils sont tout au plus des «copieurs (ses) – colleurs (ses).» Aucune analyse ou rarement, sur des sujets de fond. A leur décharge, formés à la culture de la pensée unique et de l’inféodation aux pouvoirs en place on leur enseigne principalement le copinage, le narcissisme et le «je tiens, tu me tiens par la barbichette». Les principes de base de «médiacratie».

A partir de ces éléments la quantité et la qualité du contenu informatif des médias dépendent moins aujourd’hui de facteurs idéologiques que de facteurs socio-économiques. Dans un contexte de concentration importante et de concurrence féroce, les médias recherchent le plus haut niveau de consommation possible et choisissent des options consensuelles, finissant tous par se ressembler.

Marketing et contenu rédactionnel

Le «marketing rédactionnel» désigne cette tendance omniprésente à laisser les stratégies commerciales de l’industrie des médias influencer le contenu même de l’information. Les méthodes sont bien connues: l’obsession de la «proximité», le façonnage de «stars», l’atténuation des controverses au profit du consensus. Ces dérives sont omniprésentes au sein des rédactions et les armes à utiliser pour les contenir paraissent dérisoires: une plus grande implication des pouvoirs publics pour garantir la qualité de l’information serait appréciable et la réaffirmation de la déontologie professionnelle serait salutaire à la réhabilitation des principes fondateurs.

Il est un autre facteur qui influe sur la qualité journalistique, les «communicateurs». Une grande partie des informations qui circulent sont en fait incitées, fabriquées, par des agences ou officines de communication. La communication peut être excellente, professionnelle, elle peut même être honnête, mais elle n’est jamais de l’information. Des «parajournalistes» travaillent comme des journalistes, menant des investigations poussées sur des question stratégiques et cruciales (pillage des ressources naturelles dans l’est du Congo, trafics d’organes en Chine...) mais ne font pas partie de la profession. Cette information produite devrait être passée au crible de la vérification journalistique avant d’être livrée au public des médias.

Moi par exemple, je suis frappé de l’étonnement de nombreuses personnes lorsque je sollicite de leur part un rendez-vous pour un entretien. Elles semblent tomber de la lune tant l’entretien face à face a été remplacé par le courriel en trois questions lacunaires et trois réponses sibyllines. Souvent non accompagnées du simple merci et d’une formule de politesse. Or qui a un peu de pratique connaît la valeur de la discussion homme à homme.

Du courage

Sans une presse libre, indépendante, sans des journalistes qui osent pousser leur cri et ne pas suivre aveuglément la pensée unique et son corollaire, la logorrhée bien pensante, notre démocratie est en danger. Est-ce ce que nous voulons ? Il suffit d’observer un peu la vie du monde pour constater la chance que nous avons de pouvoir vivre encore dans un pays relativement libre. Alors c’est à nous seuls qu’incombe le pouvoir de ne pas nous laisser submerger par les discours nébuleux et les poncifs ressassés par les plumitifs de tous ordres et les médias de caniveau.

André Sprenger - Journaliste RP

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André Sprenger, journaliste free-lance, écrivain public,
diplômé des Arts et Lettres de France
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Prix romand de l’éloquence française

Le canton du Jura lance un concours afin de susciter une bonne pratique en expression française de la part des politiques. Un deuxième prix sera remis à des jeunes de 18 à 30 ans. C’est le député André Comte, Secrétaire de la Conférence des peuples de langue française, qui pilote le projet.

Les morceaux choisis seront adressés à un jury. Six finalistes devront résumer leur discours oralement en 5 minutes. Notez en passant que les Alémaniques qui pratiquaient le français étaient toujours en dessus de la moyenne. Cette culture se perd et nous devons constater que nos élites sont moins brillantes. La Suisse orientale recule, gênée devant les Allemands.

Saurons-nous, en Romandie, éviter la démagogie et placer de bonnes idées ?