_ No 19 - printemps 2008 Print

Hydro-énergie, la force tranquille

Nous sommes fiers de nos nombreux lacs. Nos rivières sont bucoliques et agrestes. Nos Verts, passéistes et nostalgiques, vivent comme des Américains. Nos politiciens ont l'horizon devant eux. Nous croyons fermement que notre lenteur est une qualité. Pour que de grands projets voient le jour, il faut que ce soit en tunnel et en suisse allemande. Swissmetro a été tué sur le banc de recherche de l'EPFL.

Transfert

En 1970, pour transporter une tonne sur un kilomètre, le coût était de 5 ct. par voie fluviale, 10 ct. par le train et de 15 ct. par camion. Avec la RPLP, Rail 2000 et les NLFA, le transport fluvial est encore devenu plus avantageux. Malgré toutes les évolutions techniques, avec 5 litres de fuel, vous transportez une tonne sur 150 km par camion, sur 350 km par train et sur 700 km par péniche.

Alors que des tracés naturels existent et que la faisabilité est prouvée, pourquoi rien ne bouge en Suisse? L'Allemagne, la France, les Pays-Bas, la Belgique et la Pologne développent leur réseau afin de rendre leur économie plus concurrentielle. Le tourisme fluvial et nautique s'affirme comme une valeur sûre grâce à ses qualités écologiques. Espérons que la nouvelle victoire d'Alinghi nous fera prendre conscience de la richesse de nos lacs et rivières. Nos voisins ne se contentent pas d'aménager les cours d'eau, ils construisent aussi des canaux.

Développement durable

Les Helvètes poussés par les Romains s'affairaient sur le canal d'Entreroche pour relier le Léman au lac de Neuchâtel. Au Moyen Age, les tanneurs et drapiers fribourgeois exportaient par bateaux. Les vignerons neuchâtelois livraient en barques à Soleure. En 1950, il était annoncé.: «La deuxième correction des eaux du Jura, qui sera entreprise ces prochaines années, va faciliter la navigation intérieure». Des visionnaires déclaraient en 1957: «L'aménagement d'une voie d'eau navigable à travers notre pays sera possible vers 1970». Aujourd'hui, force est de constater que nos élus manquent de vision et de réalisme. Une approche économique, globale, montre que la navigation fluviale s'intègre à la nature et contribue à la diminution des transports routiers. C'est la solution la plus économique et la plus sûre. Le développement est non seulement «durable» en Suisse mais il se fait attendre.

Un projet porteur

D'Yverdon-les-Bains à Soleure, sur presque 100 km, la voie est navigable. Jusqu'au Rhin, il manque moins de 100 km à aménager. Le Canal Transhelvétique est encore plus ambitieux puisqu'il irait jusqu'au Léman en passant par Orbe et Cossonay. Attendons d'avoir construit suffisamment de nouvelles entraves, d'avoir élaboré des plans d'aménagement sans audace et continuons de pleurer sur les nuisances des transports routiers.

Si nous voulons améliorer la qualité de vie, contribuer au développement durable, trouver des solutions écologiques et économiques, la navigation intérieure est la bonne solution. Où sont les politiques qui savent ramer dans le bon sens? Les nanotechnologies, les start-up, les clusters et l'industrie profiteront aussi de cette découverte: les transports par bateaux sont les plus économiques, les plus écologiques et les plus sûrs.

Narcisse Niclass

Plus d'informations sur: www.navigationinterieure.ch