_ No 20 - printemps 2009 Print

un choix imminent

L’arrêt programmé des centrales nucléaires en exploitation dans notre pays - Mühleberg et Beznau arriveront en fin de vie en 2020, Gösgen et Leibstadt en 2040 - place sur le devant de la scène un choix énergétique incontournable qui bouleversera notre microcosme helvétique. Selon une estimation très documentée de la fédération romande pour l’énergie, la consommation totale de ce bien précieux devrait augmenter de 20% d’ici à 2030, dont +40% pour l’électricité, +30% pour les combustibles et -6% pour les carburants.

L ’or blanc fournit aujourd’hui près de 60% de l’électricité que nous consommons, le solde étant assuré par le nucléaire. L’apport des énergies renouvelables (solaire, biomasse, vent, géothermie, déchets) ne représente que quelques pour cent. La Suisse est ainsi, avec la France, l’un des seuls pays au monde produisant de l’énergie sans émission de CO2. L es possibilités de croissance de l’hydraulique résident principalement dans la surélévation d’ouvrages de rete nue et la modernisation d’aménagements existants; la construction de nouveaux barrages restera limitée, le potentiel hydraulique de la Suisse étant presque totalement exploité. On table toutefois sur une augmentation de la production de 10% environ à l’horizon 2030. Parmi les autres options, c’est sans doute la géothermie qui présente le plus fort potentiel de croissance. Les modes d’exploitation sont multiples; elles vont du captage de sources thermales et de nappes d’eau profondes, à l’installation de sondes géothermiques, de collecteurs et de géostructures énergétiques. Mais pour produire de l’électricité, on ne peut exploiter que des roches dont la tempéra ture atteint 200°C environ; or celles-ci se trouvent à des profondeurs de plusieurs kilomètres. Une centrale pilote est en service près de Bâle, un projet en cours à Genève. Compte tenu de ce potentiel de développement, les puissances installées pour la production d’électricité géothermi que pourraient atteindre 1000 MW dans 25 ans. Quant aux autres sources d’énergies renouvelables, l’éolienne, le solaire et la biomasse, elles constituent des apports intéressants dans des lieux ciblés, mais elles ne pourront pas, et de loin, combler le fossé créé par le futur arrêt des centrales nucléaires existantes. Et il faudra, en outre, satisfaire en 2030 à une augmentation des besoins en électricité de l’ordre de 80’000 GWh. Outre l’apport supplémentaire que pourront fournir l’énergie hydraulique et les autres énergies renouvelables, il sera nécessaire d’approvisionner encore 30’000 GWh environ. Les solutions sont limitées et connues: il s’agira soit d’im porter du courant, soit de construire une dizaine de centrales à gaz ou trois centra les nucléaires de nouvelle génération. En raison des délais de construction de telles installations, le choix ne doit pas tarder.

La Revue Polytechnique