un choix
imminent
L’arrêt programmé des centrales nucléaires en exploitation dans notre
pays - Mühleberg et Beznau arriveront en fin de vie en 2020, Gösgen et
Leibstadt en 2040 - place sur le devant de la scène un choix énergétique
incontournable qui bouleversera notre microcosme helvétique. Selon une
estimation très documentée de la fédération romande pour l’énergie, la
consommation totale de ce bien précieux devrait augmenter de 20% d’ici
à 2030, dont +40% pour l’électricité, +30% pour les combustibles et -6%
pour les carburants.
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L ’or blanc fournit aujourd’hui près
de 60% de l’électricité que nous
consommons, le solde étant assuré
par le nucléaire. L’apport des énergies
renouvelables (solaire, biomasse, vent,
géothermie, déchets) ne représente que
quelques pour cent. La Suisse est ainsi,
avec la France, l’un des seuls pays au
monde produisant de l’énergie sans
émission de CO2.
L es possibilités de croissance de
l’hydraulique résident principalement
dans la surélévation d’ouvrages de rete
nue et la modernisation d’aménagements
existants; la construction de nouveaux
barrages restera limitée, le potentiel
hydraulique de la Suisse étant presque
totalement exploité. On table toutefois
sur une augmentation de la production de
10% environ à l’horizon 2030.
Parmi les autres options, c’est sans
doute la géothermie qui présente
le plus fort potentiel de croissance. Les
modes d’exploitation sont multiples; elles
vont du captage de sources thermales et
de nappes d’eau profondes, à l’installation
de sondes géothermiques, de collecteurs
et de géostructures énergétiques. Mais
pour produire de l’électricité, on ne peut
exploiter que des roches dont la tempéra
ture atteint 200°C environ; or celles-ci se
trouvent à des profondeurs de plusieurs kilomètres. Une centrale pilote est en
service près de Bâle, un projet en cours à
Genève. Compte tenu de ce potentiel de
développement, les puissances installées
pour la production d’électricité géothermi
que pourraient atteindre 1000 MW dans
25 ans.
Quant aux autres sources d’énergies
renouvelables, l’éolienne, le solaire et
la biomasse, elles constituent des apports
intéressants dans des lieux ciblés, mais
elles ne pourront pas, et de loin, combler le
fossé créé par le futur arrêt des centrales
nucléaires existantes. Et il faudra, en outre,
satisfaire en 2030 à une augmentation
des besoins en électricité de l’ordre de
80’000 GWh.
Outre l’apport supplémentaire que
pourront fournir l’énergie hydraulique
et les autres énergies renouvelables, il
sera nécessaire d’approvisionner encore
30’000 GWh environ. Les solutions sont
limitées et connues: il s’agira soit d’im
porter du courant, soit de construire une
dizaine de centrales à gaz ou trois centra
les nucléaires de nouvelle génération. En
raison des délais de construction de telles
installations, le choix ne doit pas tarder.
La Revue Polytechnique
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