_ No 20 - printemps 2009 Print

les errances de la certification

Depuis l’inutile 9001:2000 (quality Management) jusqu’aux mortifères IWa 2:2007 et IWa 1:2005, visant respectivement l’éducation et la santé, c’est l’ensemble du concept ISO et sa gamme tentaculaire qui doit passer à la trappe. Le plus tôt sera le mieux.

L ’International Organisation for Standar dization (ISO), née à Genève en 1947, se proposait à l’époque de déterminer des normes industrielles acceptables par tout afin d’éviter une mosaïque de règles susceptible, dans une perspective de mon dialisation, d’entraver la liberté du com merce internatio nal. Appliquant des règles purement économiques et ultra libérales, ISO menace aujourd’hui d’uniformiser des secteurs qui se doivent d’échapper à une certifi cation vouée à satisfaire une rentabilité indifférente à l’humain car ancrée dans le rationalisme et le matérialisme le plus durs. Un gadget dispendieux : le Quality Management (SMQ) I ssue du générique 9000, qui s’arroge une vocation universelle (tous pays, tous domaines), la norme 9001:2000 prétend détenir des règles globales as surant une gestion de qualité dans tous les domaines et tous les secteurs de l’activité humaine. Pour peu qu’on l’exa mine de près, toutefois, on ne tarde pas à s’apercevoir qu’elle sert essentiellement à enrichir à bon compte les sociétés qui la proposent. Toute direction d’entreprise à la hauteur est capable de se procurer les règles internationales de compatibilité, de mettre sur pied des audits, d’assurer une surveillance efficace et une amélioration régulière de la qualité, ainsi qu’un «feed back» périodique de la part de la clientèle. Quant à la certification, outre qu’elle pro cède de l’inévitable américanisation des activités (partie des systèmes normatifs anglo-américains mis en œuvre durant la deuxième guerre mondiale, ISO s’inspire aujourd’hui des «guidelines» américains), elle s’est imposée comme une nécessité incontournable, sans laquelle il n’est plus de reconnaissance de qualité possible. Un mythe fort utile pour ceux qui ont compris qu’en en faisant un réflexe de Pavlov, ils n’épuiseraient pas avant longtemps une source de revenus d’autant plus facile à entretenir qu’elle repose sur une illusion. «Isoïsation» de l’enseigne ment : une normalisation orwellienne Si le SMQ est surtout superflu, IWA 2:2007 dénature le fondement même de l’enseignement. La mission de transmission des connaissances et de la culture, essentielle à la perpétuation de la diversité humaine et à la pérennisation des identités, est remplacée par «la construction de processus d’in tégration durable basés sur les capa cités et les besoins individuels». Ce qui est visé est la consolida tion d’une immigration pla nétaire qui, à terme, permettra d’éradiquer les nations européennes et leurs richesses civilisationnelles au profit d’une masse indifférenciée (intégrée via un minimum éducatif normalisé) et de communautarismes en état de guerre la tente. L’accent mis sur l’individu et sur des «valeurs éducatives universelles» est bien dans la ligne d’une occidentalisation glo bale. De même que les Droits de l’Homme (de quel Homme désincarné s’agit-il?), outil dont les plus forts se servent pour piller la planète, les normes éducatives vé hiculées par IWA 2:2007 n’ont qu’un but: formater des générations d’exécutants incultes et déracinés qui, comme Winston Smith dans 1984 d’Orwell, finiront par aimer le système qui les exploite.

Michel Bugnon-Mordant, professeur émérite, géopolitologue