(...) Jusqu'où nous mèneront la dialectique de la croissance économique, la consommation à outrance, le gaspillage des ressources ? En Suisse seulement, lit-on dans la presse aujourd'hui, il faudrait plusieurs milliards pour protéger les zones habitées contre la montée des eaux. Et les commentateurs de déplorer l'impréparation des autorités, voire leur manque de compassion face aux multiples drames humains. Mais qui se soucie vraiment des causes ? (...) On ne demande pas à la classe élue d'avoir forcément le génie visionnaire - soyons réalistes - mais au moins les politiciens pourraient-ils avoir le réflexe d'exiger une évaluation froide de la situation, quitte à ce qu'elle remette en cause notre mode de vie basé sur le « toujours plus, et tout de suite ». Mettre en branle un programme d'énergies alternatives digne de ce nom, en faisant appel à des experts réellement indépendants.
Sans ce travail de constituant du 18 Brumaire, toutes les mesures prises actuellement n'équivaleront qu'à des emplâtres sur jambe de bois.
Très sincèrement, je souhaite beaucoup de succès aux réparateurs de la crise. Les fermetures d'entreprises, le chômage n'apportent que la haine et le malheur. Surtout ne pas créer les conditions d'une nouvelle guerre mondiale.
Mais je souhaiterais aussi que ces mêmes techniciens du krach profitent de l'opportunité dramatique qui leur est donnée pour introduire l'outil d'une nouvelle dimension dans les rapports sociaux et économiques. Qu'ils mettent en place - dans le cas du solaire, il suffit de les appliquer ! - les conditions-cadres nécessaires au développement de technologies propres. Qu'ils encouragent surtout un mode de vie fondé sur le respect des ressources ainsi qu'une transparence digne de ce nom. Nos statisticiens sont-il vraiment équipés pour faire du bon boulot ? Sait-on combien d'eau, ce bien si rare dans certaines contrées, est gaspillée chaque minute pour satisfaire nos besoins ? Qui économise vraiment ?
Mesdames et Messieurs qui nous gouvernez, vous avez participé, par vos décisions, au plan de sauvetage des banques. Vous avez approuvé des montants qui dépassent tout entendement.
Qui paiera la facture finale, ces milliers de milliards injectés dans les institutions actives outre-Atlantique ? L'or de nos banques centrales suffit-il à couvrir les pertes, à nous garantir contre le déluge ?
Et où passera l'argent qui nous reste, s'il nous en reste ? Plutôt que de plâtrer un système irresponsable qui encourage les abus, l'inégalité et la pollution, ne serait-il pas plus judicieux d'affecter les fonds de l'Etat à la recherche de voies alternatives ? Inventorier les moyens à disposition des pompiers de l'arche de Noé. Fixer des priorités : l'éducation, l'alimentation, l'agriculture, les transports, les logements, l'éducation, la santé. S'interroger sur les habitudes en matière de consommation. Celle-ci doitelle être un but en soi ?
(...) Les jeunes générations sont tentées de croire que consommer ne coûte rien.
La gratuité érigée en modèle est pourtant un leurre, un appât pour fidéliser le chaland. Captif, le client est enfermé dans un cercle vicieux qui l'amène à consommer toujours plus. Comment s'étonner, après cela, que la pilule des milliards investis dans le krach passe sans grande opposition auprès de l'opinion publique. La crise est gratuite, en quelque sorte. (...)
Extrait du livre :
« Le krach mondial :chronique d'une débâcle annoncée...
Et après ? », par Christian Campiche, paru aux Editions de L'Hèbe, 2009.
www.lhebe.ch
Christian Campiche anime également le site www.radeaudelameduse.ch
Christian Campiche Essayiste et journaliste |