L'innovation en Suisse : des perspectives encourageantes

La Suisse est tout à fait capable de tenir tête à la concurrence étrangère en matière d'innovation. Elle occupe, dans ce domaine, une excellente position en comparaison internationale, surtout dans les domaines établis. Le climat entourant l'innovation comme culture d'entreprise ne paraît cependant pas propice à des innovations radicales dans notre pays. Le perfectionnement de l'acquis et le développement de produits existants correspondent mieux à la culture helvétique de l'innovation que le lancement de nouveautés révolutionnaires. Voilà la conclusion à laquelle parvient M. Jiri Elias, adjoint scientifique au Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), dans une étude solidement documentée que publie La Vie économique de mars.
La notion d'innovation s'entend ici au sens large : elle va de l'amélioration ponctuelle, effectuée à petit pas, à l'introduction de produits et de procédés résolument nouveaux.
Un sondage sur l'innovation mis au point à Munich et effectué en Suisse tous les trois ans (1990, 1993, 1996, 1999) permet de mieux cerner le phénomène. Les indicateurs utilisés demeurent, dans l'ensemble, bien orientés. L'hypothèse d'un déficit ne se vérifie pas, en particulier dans le domaine de la diffusion et de la valorisation de l'information. Il ne saurait être question, par ailleurs, d'un isolement de la Suisse : notre pays prend une part active à la production transfrontalière de la recherche scientifique, de la coopération technologique et de toutes les formes de transfert de savoir-faire. Sa participation est tout aussi active dans le domaine des brevets à l'étranger, de la coopération internationale en matière d'innovation et de la valorisation des résultats de l'innovation. L'auteur de l'étude parvient au même constat en ce qui concerne les investissements internationaux, les licences, la production transfrontalière, les acquisitions à l'étranger et les fusions. Dans tous ces domaines, la Suisse se montre pleinement intégrée à la division internationale du travail.
On constate cependant que la part de haute technologie au total des exportations demeure constante (autour de 16 %) alors qu'au moins un pays européen, l'Irlande, fait beaucoup mieux, sans parler des performances de la Corée du Sud, de la Malaisie et de Singapour.
L'auteur fait remarquer que les économies d'échelle ne sont que peu utilisées pour conquérir des parts de marché mondial. Les reprises de PME dans le but d'atteindre une taille critique, et donc une forte croissance. Et le collaborateur du SECO de se demander " si la quote-part de l'Etat, en constante augmentation, n'entrave pas démesurément [sic] la créativité individuelle et l'esprit d'initiative des entreprises ". Voilà décidément une bonne question. Le fait que cette question soit posée dans la publication-phare du Département fédéral de l'économie n'est pas vraiment pour nous déplaire !

Patrons, publication du centre patronal.