Des biopuces qui vont doper la recherche.

L'ex-TransSense vient de s'installer au tout nouveau biopôle d'Epalinges, incubateur pour les jeunes entreprises actives dans les sciences de la vie.

De très nombreux médicaments agissent par le biais des membranes et des récepteurs cellulaires. Ces derniers font donc l'objet d'intenses recherches pharmacologiques. Problèmes : il n'existe pas de méthode rapide pour mesurer l'activité des canaux à ions cellulaires lors de l'administration de nouvelles substances. Mais cela pourrait bientôt changer. Et ce, grâce à une société romande.
TranSense a en effet développé une technologie permettant d'automatiser une méthode existante, largement utilisée (dite du Patch Clamp, qui a reçu le Prix Nobel de médecine en 1991 et qui permet d'isoler des portions de membranes cellulaires à l'aide de micropipettes de verre). Résultat : la première génération de machines, qui devrait arriver sur le marché vers le milieu de l'an prochain, permettra de procéder à une dizaine de mesures par heure, contre une seule aujourd'hui. Et, si tout va bien, la société exploitant l'invention de Christian Schmidt devrait fournir d'ici trois ans des robots capables d'effectuer 1000 analyses à l'heure. Le tout grâce à une micropuce de silicium capable d'automatiser le Patch Clamp et permettant de mesurer les variations de courant électrique.
La société créée au Poly au Lausanne à la fin 1998 a d'ailleurs récemment reçu le certificat CTI Start-up, décerné par un comité de neuf experts, dont François L'Epplatenier (président du Novartis Venture Fund) et Jane Royston (titulaire de la chaire d' " entrepreneurship et innovation " à l'EPFL). Un papier qui assure reconnaissance et potentiel financement : une bourse de la Confédération, pour autant que le projet soit accepté, paie la moitié de la recherche, si celle-ci est effectuée dans une université ou une haute école.
Malgré ses liens avec l'EPFL, la société forte de six personnes a voulu " sortir des jupes de sa mère ", selon l'expression de Jean-Pierre Rosat, directeur de Cytion, la société qui a pris le relais de TransSense au début juin. Elle vient de s'établir au tout nouveau Biopôle d'Epalinges. L'intérêt de déménager dans cet incubateur destiné aux jeunes pousses actives dans les sciences de la vie ? " Il offre une large infrastructure utile aux entreprises du domaine qui peuvent ainsi se partager du matériel qui serait autrement d'un coût prohibitif. " Et Jean-Pierre Rosat de donner pour exemple les ultracentrifugeuses, les laveries, la mise à disposition d'eau ultra-pure et les salles blanches. Enfin, de fortes synergies entre les sociétés peuvent se créer.
Cette nouvelle étape devrait permettre à Cytion de générer " un chiffre d'affaires de plusieurs millions de francs suisses dans un délai de quatre à cinq ans et de réaliser un équilibre financier d'ici deux à trois ans ", estime ce docteur en biochimie. Qui n'entend pas se contenter des ventes de machines. Il veut rapidement pouvoir effectuer des travaux de développement pour les industries pharmaceutiques et participer aux revenus générés par de futurs médicaments mis sur le marché grâce à la collaboration de la start-up.
Malgré le fort contenu scientifique de la société, Jean-Pierre Rosat encense l'attitude de Christian Schmidt qui a compris qu'inventeur rime rarement avec entrepreneur. " C'est assez rare pour être souligné. Il n'a pas attendu les difficultés pour s'associer avec une personne ayant davantage un profil de manger. " Une leçon à retenir. D'autant qu'aujourd'hui la société peut se targuer " d'avoir un capital suffisant pour pouvoir tourner pendant deux ans ".

PME Magazine - juillet 2000, Aline Yazgi