Hommage au créateur du Fonds de la recherche scientifique Il y a tout juste dix ans que l'homme qui a contribué le plus à l'encouragement de la recherche en Suisse est décédé. Il s'agit du professeur Alexandre de Muralt, qui a créé en 1952 le Fonds national de la recherche scientifique. Cette institution a permis à la Suisse d'occuper aujourd'hui une place de premier plan dans la recherche médicale, biologique, mais aussi dans les sciences exactes. Il est vrai qu'il existait déjà dans les années 40 des moyens de promotion de la recherche : la Fondation des bourses et l'Académie suisse des sciences médicales. Muralt était l'un des fondateurs de l'une et l'autre de ces institutions ; il réalisa cependant qu'elles ne suffisaient pas à combler le fossé qui s'était creusé entre les contributions scientifiques suisses et celles des pays anglo-saxons et scandinaves. Comme ancien élève de ce maître, je suis encore aujourd'hui impressionné par la force de caractère, la perspicacité, mais aussi l'humour qui ont rendu possible l'oeuvre colossale que Muralt a offerte à notre pays. Alexandre de Muralt est né en 1903 à Zurich : il y a fait des études de médecine et de physique, suivies de stages à Boston et Heidelberg chez les spécialistes les plus éminents de leur temps. En 1936, il reprit la direction de l'Institut universitaire de physiologie à Berne. Il y fit des découvertes importantes en collaboration avec un groupe de l'Institut Rockfeller de New York. Alexandre de Muralt ne se cantonna pas exclusivement dans son institut. Il fut appelé à de nombreuses tâches de la vie publique. Non seulement comme chef d'armes de l'artillerie d'un corps d'armée, mais aussi comme président de nombreuses institutions qu'il avait crées, telles que l'Institut Théodore Kocher, la station de recherche du Jungfraujoch et la Fondation pour l'étude de l'alimentation dans le monde, financée, mais pas gérée par la maison Nestlé. Il fut même un personnage clé de l'industrie horlogère. Il exigeait sans relâche de ses directeurs, jusqu'à les harceler, qu'ils maintiennent au plus haut niveau la qualité de leur produits. S'il faut résumer les activités de ce grand patron, on peut dire qu'il a utilisé son entregent et tous ses dons hors du commun pour le bien de sa patrie ; et cela non seulement en Suisse alémanique, mais surtout en Suisse romande où beaucoup d'instituts de recherche lui doivent leur création et leur rayonnement. Le professeur R. Amman a bien connu le défunt et vient de publier une brochure fascinante sur la vie d'Alexandre de Muralt. Celle-ci peut être obtenue par l'intermédiaire de la Société savante de Zurich, qui publie au début de chaque année la biographie d'un citoyen suisse de haut mérite. Henri Isliker, Fondateur de l'Institut suisse du cancer, Le Temps, 26.01.2001 |
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