Aviation - La Nasa veut faire voler le X 43 A à sept fois la vitesse du son. L’avion hypersonique prêt à décoller. La Nasa s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire de l’aviation, à la mi-mai, avec le premier vol d’essai du X 43A. Ce prototype d’avion hypersonique devrait atteindre Mach 7 (sept fois la vitesse son). Le X 43A, un petit avion noir de 3,7 mètres de long aux forme anguleuses, sans pilote, doit démontrer la possibilité pour des avions de voler à près de 8'000 km/h avec un moteur utilisant l’oxygène de l’atmosphère. Construit par la firme Microcraft, située à Tullahoma (Tennessee), le prototype s’envolera de la base aérienne d’Edwards (Californie). Il sera lâché d’un bombardier B 52 avant d’être accéléré jusqu’à Mach 7 par une fusée Pegasus : le statoréacteur consommant de l’hydrogène sera alors allumé pendant une dizaine de secondes. Il devrait atteindre une altitude de 95'000 pieds (environ 29'000 mètres). L’engin s’abîmera ensuite en mer. Pour limiter le coût du programme (185 millions de dollars), il n’a pas été prévu de la récupérer. Pour le moment, les seuls véhicules capables de voler à des vitesses hypersoniques sont des fusées, qui doivent emporter à la fois le carburant et l’oxygène nécessaire pour le brûler. « Nous allons, avec ce vol, entrer dans l’histoire de l’aviation et de l’aérospatiale. C’est l’équivalent pour le vol hypersonique de ce que les frères Wright ont réalisé pour le vol subsonique », s’enthousiasme Joel Sitz, directeur du projet X 43. S’il réussit, ce sera en effet la première fois dans l’histoire de l’aviation qu’un moteur à combustion atmosphérique atteindra des vitesses hypersoniques (supérieures à Mach 5). Ce test sera suivi d’un autre à Mach 7, puis d’un troisième à Mach 10. La Nasa a effectué plus de 600 essais au sol depuis le lancement des recherches en 1996 mais n’a jamais testé cette technologie en vol, explique Vince Rausch, directeur du programme Hyper-X, au Centre de recherches de la Nasa, à Langley (Virginie). C’est aujourd’hui un avion-fusée de la Nasa, le X 15, qui détient le record de la plus grande vitesse jamais atteinte tandis que l’avion SR 71 possède le record de vitesse avec un moteur à combustion atmosphérique (Mach 3). Livré en novembre 1999 au Centre de recherches aériennes de Dryden de la Nasa, sur la base d’Edwards, le X 43A représente l’aboutissement de quarante ans de recherches dans la technologie dite « scramjet » (Supersonic Combustible Ramjet). Contrairement aux fusées qui doivent emporter dans d’énormes réservoirs l’oxygène nécessaire à la combustion de l’hydrogène liquide, les statoréacteurs puisent directement dans l’atmosphère l’oxygène dont ils ont besoin. La propulsion « scramjet » fonctionne grâce à la combustion d’hydrogène dans un filet d’air, celui-ci étant comprimé directement avec la vitesse hypersonique de l’avion, sans le besoin de recourir, comme dans un réacteur d’avion classique, à des turbines à ailettes pour comprimer l’air. D’où un important gain de poids et de place. Cette technologie devrait donc permettre à terme de construire des engins plus légers, disposant d’une charge utile plus importante, et capable de se déplacer à des vitesses phénoménales. Restera ensuite à passer aux applications civiles et militaires. Les militaires du Pentagone s’intéressent de près à cette technologie pour leurs propres avions de combat, leurs missiles balistiques et de croisière. Quant à l’avion commercial hypersonique qui permettra de relier New York à Los Angeles en 30 minutes, il n’est pas encore pour demain. « Les recherches que nous menons sont pour un véhicule opérationnel qui volera dans soixante ans », tient à tempérer Joel Sitz. Le Figaro, lundi 23 avril 2001, Avec AFP |
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