L'oeuf et la poule dans le gaz ! Les véhicules roulant au gaz sont rares en Suisse. Les stations-service pratiquement inexistantes. Mais que font les entreprises ? En Allemagne, Italie, France, dans le Benelux, les véhicules d'entreprises roulent de plus en plus au gaz naturel. Soucieuses de la protection de l'environnement, les autorités favorisent ce carburant propre (émissions réduites de 50 % par rapport à l'essence et de 73 % par rapport au diesel) et économique (75 centimes à 1,28 francs par litre, comparé à l'essence). Pour les entreprises suisses désireuses de convertir leur parc à ce carburant, l'exercice s'avère difficile en raison de la faible densité du réseau de distribution : une vingtaine de stations à peine pour l'ensemble du pays. Le gaz naturel comprimés (CNG) présente pourtant des avantages déterminants par rapport à l'essence et au diesel. Il ne produit que des quantités minimales d'oxyde d'azote, d'hydrocarbures, de monoxyde de carbone et de dioxyde de charbon. Il réduit de 99 % par rapport à l'essence la formation d'ozone et grève très peu les rejets de CO2 (effet de serre). Ces caractéristiques incitent les constructeurs à adapter un nombre croissant de modèles, plus particulièrement ceux destinés aux entreprises, à cette forme de carburant. Le monospace Fiat Multipla a été conçu pour cet exercice dès le stade du développement. Les trois bouteilles de CNG de 54 litres sont logées sous le plancher plat. Elles n'empiètent donc pas sur l'habitabilité de ce monospace compact (3,99 m de long) qui offre six places et un coffre de 430 litres. En raison de la faible densité du réseau de distribution, la marque de Turin commercialise en Suisse la version « Bipower » à double carburation (gaz / essence) qui autorise une autonomie combinée de 930 km avec les deux réservoirs. Dans d'autres pays européens, on trouve également une version fonctionnant uniquement au gaz. Bien que le Multipla Bipower accuse une certaine perte de puissance par rapport à la version à essence (92 ch au lieu de 103, vitesse 157 km/h au lieu de 168) ces inconvénients sont compensés par une plus grande souplesse et une propreté du moteur permettant d'allonger les intervalles de service, notamment les vidanges. En dépit de ces avantages, Fiat ne tablait pourtant que sur une cinquantaine de ventes en 2000. Les prévisions des autres importateurs de véhicules roulant au CNG (BMW et VW notamment), étaient similaires. Le marché est là, mais il attend un réseau de stations sérieux pour décoller. Quant aux distributeurs de carburants, ils attendent un nombre suffisant de véhicules pour étoffer leur réseau. L'histoire de l'œuf et de la poule se répète. En Suisse romande, on ne trouve que trois stations (Genève, Lausanne, Vevey) qui ne sont pas ouvertes la nuit. On peut s'étonner de la frilosité des pouvoirs publics - qui mettent constamment en avant leur préoccupation de l'environnement - à favoriser le développement d'un carburant à la fois propre et économique. Peut-être trop économique justement ? Peut-être faut-il voir également dans cette frilosité l'expression des réticences à la mobilité individuelle. Évidemment, le mieux serait que les entreprises qui le peuvent - elles sont nombreuses - prennent l'initiative de favoriser le gaz, pour que se débloque le cercle vertueux qui multiplierait les points de vente du carburant de l'avenir. Alain R. Walon, PME magazine, 02.2001 |
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