CargoLifter suspend son vol : l'unique constructeur au monde de dirigeables pour le transport de marchandises est en faillite. Pourquoi aménager des ports, élargir des routes, créer des itinéraires spéciaux pour des convois exceptionnels afin de transporter les pièces du futur Airbus A 380 et de son cousin militaire l'A 400 M ? Un dirigeable moderne peut transporter à plus de 150 km/h une charge de 250 tonnes, avec un rayon d'action de 6'000 à 8'000 kilomètres à 2'000 mètres d'altitude. Si le premier grand dirigeable avait été construit par le comte Ferdinand von Zeppelin en 1900, il avait été conçu par le Français Henri Giffard en 1852. Avec le CL 160, une sorte de ballon-cargo géant capable de porter 160 tonnes, la société allemande CargoLifter voulait révolutionner le transport de marchandises. Aujourd'hui, elle est en faillite. CargoLifter aura en effet du mal à trouver les 10 à 20 millions d'euros nécessaires pour survivre. Sans compter son endettement de 49,8 millions d'euros alors que le cours de l'action s'est effondré. Les actionnaires ont peu à peu perdu confiance. Le projet a été critiqué et le gouvernement régional du Brandebourg a refusé d'accorder un deuxième crédit à l'entreprise. Boeing Intéressé Résultat, CargoLifter ne peut plus payer ses salariés et 500 licenciements sont à craindre. Les plans de construction du CL 160 resteront à l'épure. Le président et fondateur, Carl von der Gablentz, est obligé de restructurer et d'assainir le groupe. II s'est recentré sur le CL 75, une sorte de grue gonflée avec 110 000 m3 d'hélium qui ne soulève que 70 tonnes en position stationnaire. L'énorme baudruche est pour l'instant le seul espoir de la société. Mais elle n'est encore qu'à l'état de prototype. Le dirigeant devra encore trouver 79 millions d'euros pour mener le projet à terme. Un espoir malgré tout. Boeing s'intéresse au CargoLifter. L'avionneur américain étudie la possibilité de remplacer les avions d'observation Awacs par des dirigeables stationnés à 20 km d'altitude avec tous leurs instruments. Un projet exclusivement militaire. C'est finalement la France qui pourrait être la première à ouvrir la voie. Aerospace Adour Technology, récemment installée sur le technopôle Hélioparc, à Pau (Pyrénées-Atlantiques), sortira son premier aéronef en 2007 à partir d'une idée d'un ingénieur à la retraite, Marc Sénépart. Jean-Paul Picaper, Le Figaro Entreprises, 10.06.2002 |
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