Un chariot électrique remporte le 101ème concours Lépine Un jour, en visitant un centre du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), le général de Gaulle aurait déclaré : « Des chercheurs on en trouve. Des trouveurs on en cherche. » Samedi soir toutefois, les « trouveurs » n'étaient pas difficiles à chercher. Trois cent quatre-vingt-dix-huit d'entre eux étaient en effet réunis à la Foire de Paris à l'occasion de la remise des prix du concours Lépine (101 ans déjà). Alors que les professeurs Tournesol version 2002 - c'est-à-dire en jeans, en costumes ou en jupes, mais rarement excentriques - commençaient à faire les cent pas devant les portes encore closes de la salle prévue à cet effet, une hôtesse avec un charmant accent guttural mimait quant à elle - ultime répétition - une remise de prix sur l'estrade. Le président du concours, Gérard Dorey, regarde sa montre : « 18h15, on ouvre les portes... » On se rue alors littéralement dans la salle. Paradoxalement l'inventeur ne semble pas patient. « Attention de ne pas abîmer nos inventeurs », lance alors une hôtesse à un cameraman dans la bousculade. Puis : « La Bosnie attendez. On va vous placer avec les Polonais derrière les Russes. » Les Chinois seront invités à s'asseoir sur la gauche, juste devant la fanfare de la police nationale. Onze délégations étrangères étaient présentes cette année. Et deux ministres attendus : François Loos, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, et Renaud Dutreil, secrétaire d'Etat aux PME. François Loos arrivera le premier vers 19h15 sous les applaudissements de l'assistance. Une dame demande à son voisin « Le ministre c'est lequel ? » Un temps espéré, Jean-Pierre Raffarin choisira finalement d'aller écouter la Marseillaise au Stade de France. Avant l'arrivée des ministres, Gérard Dorey prépare son auditoire : « Vous êtes des inventeurs mais aussi des entreprises. Profitez de cette passerelle que nous offre la venue du ministre des PME. Et, pas de reproche, n'oubliez pas qu'il vient juste de prendre ses fonctions. » La cérémonie débute. Comme à l'Ecole des fans tout le monde reçoit un diplôme. Et 150 prix seront décernés. L'objectif des inventeurs demeure alors de trouver des partenaires pour commercialiser leurs prototypes. Prix du Président de la République: Martine Losego pour son « chariot électrique de supermarché », équipé de pare-chocs flottants. Un vase en porcelaine de Sèvres lui est alors offert. « Je travaillais sur ce projet depuis 1997 », confie cette ancienne greffière, âgée d'une cinquantaine d'années et habitant - c'est un pur hasard - la Corrèze. « Ce chariot, je l'ai fait pour le confort des consommateurs dont je fais partie. Parce que j'en avais marre de pousser », complète-telle, en précisant, qu'entre son brevet et le frais de recherche, deux millions de francs d'investissement ont été nécessaires. Prix du Premier Ministre : Marcel Beck reçoit également un vase de Sèvres pour son « escalier en bois articulé », capable de s'adapter à toutes les pentes. Coupe de la Mairie de Paris : Christian Dequidt pour sa « moto agricole », tandis que Raymond Garcia recevra le prix du président du concours Lépine pour son « tréteau tout terrain », jamais bancal même sur un sol irrégulier grâce à des pieds articulés. Les autres médailles d'argent, de bronze ou d'honneur ont distingué des dizaines de trouvailles, allant des jeux de société aux gadgets pour la cuisine ou le jardinage, sans oublier une « mixture fortifiante pour le cerveau », et encore un « briquet solaire » ou un « scooter à pile à combustible », c'est-à-dire à hydrogène. Parmi les stands, le badaud pouvait, quant à lui, encore découvrir un « meuble de toilettes avec ambiance musicale et lumineuse » ou des « gants musicaux ». Equipés chacun de 10 aspérités en forme de demi-lune ovale au bout des doigts, on obtient des notes de musique par frottements. Dans la même veine : des chaussures produisant de la musique. Toujours par frottements. Rodolphe Geisler, Le Figaro, 13.05.2002 |
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