L'incroyable « frigo solaire » de l'Ecole d'ingénieurs. La nouvelle « machine à faire du froid » utilise de l'eau en circuit fermé et un composant solide poreux. Pour le prototype qui fonctionnait jusqu'ici au méthanol inflammable c'est un net progrès. Ce «frigo solaire » sera bientôt testé en Afrique. Du froid bon marché pour les pays du Sud à faibles ressources. La réfrigération solaire écologique mise au point par une équipe de l'Ecole d'ingénieurs du canton de Vaud à Yverdon-Les-Bains présente maints avantages. Leur « frigo solaire » fonctionne en effet de façon autonome, sans électricité, sans compresseur et donc sans moteur. Il n'utilise pas de combustibles ni de cellules photovoltaïques. Des artisans bien formés pourraient le fabriquer sur place. Le premier prototype (au méthanol) installé en Afrique en 1999 fonctionne toujours à satisfaction. Des Africains avaient alors été formés sur place par le CEAS (Centre écologique Albert Schweitzer). Depuis, il gère cette technologie de manière autonome : si panne il y a, ils font redémarrer la machine. Mais restait un défi technique à relever : le méthanol, inflammable, ne répond pas aux normes de sécurité de l'OMS. Quelques prototypes plus tard, les chercheurs trouvent la réponse. Ils obtiennent un résultat identique en exploitant le même phénomène physique-adsorption-désorption- mais avec d'autres composants : de l'eau ordinaire et du silicagel granulé. « Ce procédé n'est pas vraiment révolutionnaire », affirme l'équipe de l'EIVD, emmené par le professeur Ph. Dind. « Nous avons simplement mis au point un principe connu depuis des années et sur lequel travaillent d'autres pays (Australie, Chine, Europe) . D'ailleurs nous sommes épaulés par un thermodynamicien parisien du CRNS, partenaire du projet. Le nouveau prototype en partance pour l'Afrique ne ressemble pas encore aux réfrigérateurs de nos ménages, même si le dernier modèle est plus compact et maniable que les premiers. Mais il reste du chemin à faire. C'est en avril qu'un jeune ingénieur de l'EIVD partira à Ouagadougou pour tester le dernier-né et en construire un autre sur place. » Formation et promotion L'an passé, deux Africains (un ingénieur et un ouvrier-soudeur) ont fait un stage en Suisse romande. Le premier, pour apprendre à dimensionner les différents éléments d'un réfrigérateur thermique et à maîtriser un site Web. Le second, pour se perfectionner dans les techniques de soudure. La réussite du projet dépend en effet beaucoup de la qualité des soudures du circuit sous vide. Concernant les matériaux, tous ne sont pas disponibles sur place. Pour l'instant, le silicagel et les tubes d'acier de la partie capteur doivent être importés de Suisse. Le coût de tout ça ? Il est impossible d'articuler le prix de revient d'un réfrigérateur de ce type fabriqué en série. Seule certitude : les scientifiques d'Yverdon ont la fibre humanitaire. Leurs travaux ne seront pas protégés par un brevet. Ils souhaitent au contraire que leurs recherches servent au plus grand nombre, partout où le soleil est généreux. Comment cela marche-t-il ? Le réfrigérateur solaire fonctionne grâce à du silicagel contenu dans le capteur solaire et de l'eau circulant dans toute la machine. Deux phases régissent le fonctionnement : la première, diurne, pendant laquelle le silicagel chauffé par captage de l'énergie solaire évacue l'eau de ses pores. Durant la seconde phase (nocturne), le froid est produit dans le frigo par l'évaporation de l'eau contenue dans l'évaporateur. Puis cette eau retourne vers le silicagel du capteur. Le lendemain, la machine est prête pour un nouveau cycle. Renée Hermenjeat, La Liberté, le 08.02.2002. |
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