Ovomaltine est à vendre, tout un symbole
qui a traversé les générations.
Le groupe pharmaceutique Novartis abandonne son unité nutrition diététique et fonctionnelle, dont le célèbre produit inventé à Berne par le Dr. Wander il y a plus de cent ans. Pas mieux, mais plus longtemps». C'est la pub qui le dit. Mais Ovomaltine, c'est avant tout de la dynamite, la boisson de l'enfance quand en cachette, on y ajoutait quelques cuillerées de poudre. Lhistoire n'est pas finie mais lorsque Novartis annonce qu'elle veut se séparer d'une marque qu'elle gère mal parce que trop éloignée du secteur pharmaceutique, elle touche une fibre «patriotico-nostalgique». Son communiqué n'a cependant rien à voir avec un conte et ce n'est pas une fée qui va négocier la vente mais le Credit Suisse First Boston. En fait, c'est toute l'unité Nutrition diététique et fonctionnelle qui gicle parce que jugée «non stratégique» pour une entreprise comme Novartis. Elle comprend, outre Ovomaltine, les marques Caotina, Isostar et Céréal dont le chiffre d'affaires s'élevait à 850 millions de francs en 2001 (entre 2 et 3% du chiffre d'affaires de tout le groupe Novartis). L'an dernier, Novartis avait déjà coupé discrètement une branche de ce secteur aujourd'hui en vente: celle d'Aviva, une gamme présentée en grande pompe il y a deux ans et qui marquait son entrée dans le monde des «alicaments» ou aliments à valeur ajoutée dont on dit qu'Ovomaltine est le premier du genre. Le consommateur suisse n'a pas suivi, contrairement aux Américains friands du «deux en un». NÉE À BERNE EN 1865 Chez Nestlé à Vevey, on ne fait aucun commentaire sur la vente de marques qui pourraient directement l'intéresser. La multinationale de l'alimentation a développé un produit quelque peu similaire à l'Ovomaltine. Son Milo, une boisson à base de malt, se vend en Asie et en Afrique. Et elle produit déjà le Nesquik. L'Ovomaltine, née dans un laboratoire de la Vieille-Ville de Berne en 1865, fait partie des plus vieilles marques du monde avec Nivea et Kellogg's. Le I), Georg Wander cherchait alors un moyen pour lutter contre la malnutrition jadis très répandue et s'est penché sur les vertus du malt, produit à partir de graines d'orge germées. Il en a fait un fortifiant pour enfants et malades. Plus tard, son fils Albert a amélioré le produit au niveau du goût et du contenu en y ajoutant du lait, des oeufs et du cacao. PREMIERS SPONSORS En 1904, Ovomaltine est lancée sur le marché. En 1906, l'Italie et l'Angleterre goûte à «ce petit morceau de Suisse», comme l'a dit un jour l'ancien conseiller fédéral Adolf Ogi. Les Wander ont toujours innové. En 1923, Ovomaltine offrait pour la première fois, lors d'une compétition sportive à l'Université de Berne, un stand de rafraîchissement et devenait le pionnier de l'«Évent sponsoring». Un soutien qui n'a jamais été démenti depuis, comme le prouvent les couleurs des casques des skieurs suisses. En 1931, ils épataient le monde de la restauration avec leurs sachets-portions légendaires. En 1967, la maison Wander a connu une situation pas si éloignée de celle de Novartis aujourd'hui. C'est elle qui a cherché un repreneur car seule, elle ne pouvait poursuivre ses investissements et dans le secteur pharmaceutique et dans celui de l'alimentation. « Ça s'est très bien passé», raconte Marc de Skowronski, économiste, retraité de chez Wander. «Il n'y a pas eu de licenciements, ni de fermeture d'usines. Pour Sandoz, il s'agissait de son premier achat d'entreprise. Le groupe a ensuite englobé Vasa, Rolland, Céréal et Gerber». Avant de fusionner avec Ciba-Geigy et de créer le nouveau groupe Novartis. Ovomaltine a traversé les générations et est restée en pleine forme grâce à une image soignée et des amateurs fidèles. Aujourd'hui, neuf produits portent son label. Dernier-né de la gamme: le Muesli. L'usine de Neuenegg, près de Berne, est le centre de production pour toute l'Europe. Une entreprise moderne dont la production remplit chaque année un train de 15 kilomètres de longueur. 9'000 tonnes d'extrait de malt et 4,5 millions de litres de lait y sont annuellement traités. Les 240 collaborateurs qui y travaillent connaîtront leur sort d'ici à six ou douze mois. Magalie Goumaz - La Liberté 5 février 2002 |
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