Une perche est tendue à la Serpentine.

Alors que les essais de la capsule sont toujours bloqués à Ouchy, la société devra présenter un plan de liaison entre les sites d'Ecublens et de Dorigny.

Oui, la Serpentine, ce mode de transport automatique et intelligent, pourrait servir de trait d'union entre l'UNIL et l'EPFL. C'est en tout cas le résultat d'une première évaluation des mouvements de personnes entre les deux écoles. Le concepteur de la capsule blanche, immobilisée sur les quais d'Ouchy depuis six mois, a été invité à présenter un projet de liaison. Rapidement, puisqu'une décision devrait être prise en principe avant l'été.

Un pas franchi

Les choses n'en sont encore qu'au stade d'«études exploratoires». Mais un pas a été franchi. «Une estimation de la distribution des personnes sur les sites et de leurs déplacements montre qu'une liaison est faisable, en termes de capacité et de débit. Nous avons ainsi donné mandat à la société Serpentine SA de faire une offre pour la première étape, soit le dépôt d'ici à deux mois d'un projet», indique le professeur Marcel Jufer, vice-président de l'EPFL. «Il s'agit maintenant de définir précisément les besoins, la localisation d'un trajet prioritaire avec, à terme, des liaisons en direction de l'Uni, ainsi que le mode d'exploitation: à commencer par le nombre de capsules nécessaire, leur fréquence», explique le responsable de l'unité des constructions et du patrimoine immobilier de l'EPFL, Sébastien Oesch. L'étude devra bien sûr comprendre le coût et la rentabilité d'un tel tronçon.

Le projet fera alors l'objet d'une décision du rectorat, qui pourrait être prise d'ici à fin juin. La prochaine étape, une fois que le financement du projet sera assuré, serait ensuite la mise à enquête du trajet pilote. L'objectif serait de le mettre en service l'an prochain, en octobre, à l'occasion du 150e anniversaire de l'école fédérale. « La balle est maintenant dans le camp de la société.»

Un atout

La Serpentine suscite de grands intérêts dans d'autres pays. Elle souffre toutefois de ne pas encore disposer d'une route de démonstration. De son côté, Bernard Saugy, le père de cette invention, née en 1982 déjà, se réjouit de cette perspective. Celle-ci pourrait aussi être un atout dans le cadre du projet européen Cybermove, qui réunit des industriels et des spécialistes européens travaillant sur les solutions en matière de transports publics.

Avec la collaboration entre l'UNIL et l'EPFL, les déplacements vont probablement se développer ces prochaines années. L'extension du site d'Ecublens augmente également la distance entre les deux écoles, qui est d'environ deux kilomètres. Pour l'instant, Bernard Saugy ne peut cependant être plus précis sur les variantes et sur le tracé possible: «En fonction des flux et de l'accès par le TSOL, il faudra déterminer entre un axe nord-sud, une structure en étoile, intéressante pour la Serpentine, ou une liaison entre différents points.»

La Serpentine, c'est quoi?

La Serpentine, voilà longtemps qu'on en parle. Mais comment ça marche? Petite présentation simplifiée. Cette voiture du futur est basée sur trois originalités. Les capsules fonctionnent sans ligne de contact. Elles sont alimentées en énergie électrique par transmission avec un dispositif aménagé dans le sol - c'est le système de magnéto-glisseur. Le véhicule est débarrassé de batterie, ce qui évite les problèmes de recharge et limite les pertes d'énergie. Par rapport au moteur à explosion, qui doit monter à 1500 tours/minute avant d'être à son potentiel, le rendement de la Serpentine est bien meilleur et plus rapide. II est en outre sans bruit ni pollution. Le guidage et la gestion se font de manière intelligente et complètement automatique, sans conducteur, à la demande des quatre passagers. Des capteurs permettent de détecter les obstacles sur la route. Les modules, accessibles aux handicapés, communiquent entre eux ainsi qu'avec une centrale de commande.

Le chantier d'Ouchy toujours bloqué.

«La même révolution qu'a été l'ascenseur.» La comparaison était lancée à propos de la Serpentine en septembre dernier par Bernard Saugy et le municipal Olivier Français. A l'occasion de la journée En ville sans ma voiture, la capsule blanche à pois rouges était alors présentée avec discours et flonflons. Six mois plus tard, le chantier de la piste d'essai, sur les quais d'Ouchy, n'a pas évolué. «Nous sommes toujours en attente des autorisations de l'Office fédéral des transports, qui demande des compléments techniques.»

Les autorités réclament notamment des «tests de comportement» face aux obstacles potentiels que sont les piétons. Autrement dit, une sorte de crash test pour l'engin, qui roule entre 7 et 14 km/h. Cette cabine de transport de passagers, guidée par une voie de contact dans le sol, a été assimilée à un trolleybus. Mais l'absence de chauffeur pose également problème au niveau juridique.

Une séance de travail décisive doit avoir lieu cette semaine sur place, au cours de laquelle des réponses devraient être fournies par les représentants de l'OFT Vingt ans après sa conception, la Serpentine a encore du plomb dans l'aile et n'est pas près de constituer un nouveau moyen de transport entre les quartiers. La perspective d'une liaison entre les deux hautes écoles la sauvera-t-elle?

Développement à suivre...

24 Heures, 25 mars 2002