Le projet de Serpentine dépend toujours d'une démonstration à faire Le projet lausannois de véhicule urbain automatique n'est pas abandonné. Cette année peut être décisive. "Il nous faut pouvoir montrer qu'elle fonctionne". Bernard Saugy, inventeur de la capsule de transport la Serpentine, a repris espoir en dépit des blocages administratifs dont a souffert son projet. Tout récemment, Electricité de France a montrer son intérêt pour ce moyen de transport fait de véhicules légers guidés par un système électro-magnétique préinstallé dans le macadam. Cependant, pour que les partenaires potentiels de ce projet puissent donner suite, il faut en prouver la fiabilité. Les difficultés administratives ont été réelles, mais quelque peu grossies : le premier et immédiat problème est la constitution d'un bon dossier technique. C'est l'objectif que la société promotrice doit atteindre d'ici la fin de l'année. "Car il faut reconnaître que nous n'étions pas parfaits techniquement", explique Olivier Français, directeur des Travaux à la municipalité de Lausanne. Ouvrir au public Par ailleurs les discussions avec l'administration fédérale se poursuivent, témoin cette visite qu'Olivier Michaud, directeur de l'Office fédéral des routes, rendra demain. Et même si ce n'est pas l'objectif de cette rencontre, l'espoir subsiste qu'une autorisation soit donnée de permettre au public de tester la Serpentine lors de la Journée sans voiture, cet automne. Il reste que ce projet dont on espérait ouvrir un tronçon pilote le long du quai d'Ouchy à fin 2001 n'avance pas aussi vite que prévu. A Ouchy, le banc d'essai reste limité à 300 m et du moment qu'une exploitation commerciale n'est pas autorisée pour l'instant, il a fallu affecter à un budget d'exploitation expérimentale une partie du budget de construction. En outre, l'extension de l'expérimentation à une aire à définir à Dorigny, sur les sites universitaires, est toujours à l'étude. Il reste aussi que les obstacles administratifs, s'ils se confirment, auraient quelque chose de surréaliste. Alors que des métros automatiques circulent dans plusieurs centres urbains, les essais pilote de l'ingénieur vaudois resteraient bloqués au motif qu'il s'agirait d'un véhicule sans conducteur, en contradiction d'une convention internationale sur la circulation routière. Mais l'objection paraît d'autant plus absurde que les conséquences d'une collision éventuelle avec une "Serpentine" sont autrement moins graves que celles avec un bus ou un train, dont les conducteurs ne peuvent interrompre leur couse lorsque surgit un obstacle proche. L'émission de telles objections a pu faire croire à l'inventeur que l'on était revenu au temps où les ascenseurs des grands magasins devaient impérativement être conduits par un liftier. Pour Bernard Saugy, à l'instar du succès spontané des rollers et des trottinettes, la Serpentine témoigne d'une évolution des problèmes de déplacements internes en milieu urbain. Cette évolution, les administrations peinent à l'intégrer. Européens intéressés Mais la priorité est à la mise sur pied d'un dossier technique bien ficelé. La société La Serpentine sait que le temps presse si l'on veut éviter que des édiles intéressés aillent chercher ailleurs des solutions à leurs problèmes urbains. N'empêche que l'intérêt, aujourd'hui, est bien réel. "Nous avons eu le mois dernier des contacts avec EDF (Electricité de France), explique Bernard Saugy. La division mobilité de la régie française pense à des projets pilote qui pourraient être proposés dans des zones urbaines, à Nantes, à Limoges, à Paris peut-être. En Autriche, le Ministère des transports est attentif à un projet envisagé à Wersenweng, une station de ski. Il y a enfin les perspectives ouvertes dans le cadre du projet européen de mobilité "Cybermove". Pierre Kolb, La Liberté, 07.08.2002 |
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