Le Conseil fédéral n'enterre pas Swissmetro? C'est tout comme. La colère de Michele Mossi, directeur du projet. Il y a dix jours, le Conseil fédéral a décidé de généreusement débloquer cette année 1,5 à 2 millions de francs pour le «projet de recherche technologique» Swissmetro. En réalité, cette somme n'est que «peanuts». Les finances de la société anonyme Swissmetro, dont l'assemblée se tient demain à Berne, ne lui permettront pas de terminer l'année en cours. «Tout le capital-actions a été utilisé pour étudier le projet. Depuis fin avril, plus personne n'est payé, sauf le secrétariat», déplore le chercheur Michele Mossi, un jeune Tessinois de 32 ans, qui a repris la direction du projet il y a deux ans, avec des collègues réunis dans la start-up GESTE, logée sur le parc technologique de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Jusqu'ici, sur les 25 millions de francs investis dans le projet, les deux tiers l'ont été par (industrie privée. «Pourtant, le projet vise à résoudre un problème de transports publics, constate le chercheur. Il serait temps, comme fa dit un jour Adolf Ogi, que la Suisse retrouve l'esprit du Gothard.» La direction du projet entend « démontrer la faisabilité industrielle, y compris économique de Swissmetro». Pour ce faire, deux volets d'études devraient être financés. Les 2 millions débloqués par la Confédération serviront à étudier l'aérodynamisme, par le biais d'un banc d'essai à l'échelle 1/10. UNE NON-DÉCISION NAVRANTE Mais la nouveauté de Swissmetro, outre la technique de lévitation magnétique, déjà étudiée par les Allemands et les japonais, c'est le vide d'air dans les tunnels. «Mon rêve, ce serait d'homologuer le vide», plaide Michele Mossi. Et le Conseil fédéral était en possession d'un deuxième projet, nommé «SETUP», devisé lui à 110 millions. Swissmetro aurait voulu obtenir des tranches de 20 millions de francs pour étudier, sur un tronçon en grandeur nature, les effets du vide. «On ne demandait pas un petit pas pour un projet que le Conseil fédéral n'a pas le courage d'enterrer. Par sa non-décision, le gouvernement nous a renvoyé la balle. L'industrie, qui n'a jamais été aussi près du déclic pour démarrer, attendait un signe. Il n'est pas venu», déplore Michele Mossi. www.swissmetro.com l'ancienne version du site officiel. La voie européenne Ça ressemble fort à un dégagement encorner. Le conseiller national bâlois Paul Kurrus, dans un postulat, explique que la Suisse pourrait profiter des accords bilatéraux pour inscrire le projet Swissmetro dans un projet de recherche européen, dont notre pays financera sa part. Le Conseil fédéral applaudit des deux mains et se fend même d'une précision de taille.. «En cas de refus des autorités compétentes de la Communauté, la Confédération ne refusera pas obligatoirement de soutenir Swissmetro.» Voilà qui n'engage à rien... Et Swissmetro a déjà eu recours à des programmes européens: le banc d'essai HISTAR est intégré à Transaéro, et l'étude pour relier les aéroports de Genève-Cointrin et Lyon/Saint-Exupéry figure dans un projet Interreg. «Mais il est trop facile de dire: frappez à la porte de l'Europe! II faut aussi un soutien de la Suisse», tonne M.Mossi. Dimanche.ch - 2 juin 2002 |
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