Swissmetro bientôt enterré ?... ! La Fédération des syndicats patronaux genevois se retire du projet et les CFF annonceront leur départ aux actionnaires le 6 décembre prochain. Les actionnaires de Swissmetro SA ont reçu en fin de semaine la convocation à leur prochaine assemblée générale. Celle-ci se déroulera le 6 décembre prochain à Genève et l'ordre du jour portera sur quatre points. La séance traitera de la réduction du capital, de la modification du conseil d'administration, de la vente d'actions et des informations sur la réorientation stratégique. "Si nous voulions maintenir la société, on aurait continué à augmenter le capital. Depuis la fondation de la société en 1992, 25 millions de francs, soit un millième de l'enveloppe totale du projet, ont été engagés. La diminution prévue est la conséquence de l'indifférence des Chambres fédérales pour le tronçon d'essai SETUP, portant sur 100 millions de francs. Notre gouvernement prendra-t-il la responsabilité du coup de grâce donné à Swissmetro, compte tenu des problèmes de transport, j'espère bien que non", souligne le secrétaire général démissionnaire Pierre Weiss. Il y a déjà un moment que lui et la Fédération des syndicats patronaux genevois ont tiré les conclusions qui s'imposent. En juin dernier déjà la FSP et son représentant Pierre Weiss ont décidé de se retire du projet, une issue qu'ils rendront simplement officielle le 6 décembre. "Le retrait de la FSP est motivé par une absence de perspective. Nous voyons de plus en plus que nous nous éloignons du but fixé par la société. Notre organisme n'a pas pour vocation de soutenir un simple champ de recherche comme l'entend Moritz Leuenberger. Le secteur privé est arrivé à la conclusion que les coûts de développement de ce moyen de transport ne peuvent pas être portés par lui seul", relève Pierre Weiss. Eric Dérobert, représentant le Groupement des Banquiers privés genevois s'en ira également, de même que Théo Weiss pour les CFF. "En se retirant, les CFF ont-ils cessé d'avoir peur?", demande non sans sarcasme Pierre Weiss. Ironie du sort, le préposé à la gestion de la faillite de Swissair vendra ses actions pour récupérer quelques maigres deniers au profit des créanciers de la défunte compagnie. Tout le monde ne tire pas des conséquences aussi définitives. Le Crédit Suisse, qui a pourtant d'autres chats à fouetter par les temps qui courent, continuera de rester partenaire pour un modeste investissement supplémentaire de 20 000 francs pour 2003, Holcim aussi. Enfin la démission de Jean-Claude Raoul, l'Altsom international est compensée par l'arrivée de Monsieur Schneebeli, le CEO d'Altsom suisse et qui devrait disposer lui, d'un vrai pouvoir de décision. Cela suffira-t-il à compenser l'hécatombe? Rien n'est moins sûr. Pour remplacer Pierre Weiss, Swissmetro pourra compter sur la société Price Waterhouse Cooper, mais "le secrétaire général partant était le cur et l'esprit", souligne Sergio Salvioni, président de Swissmetro. Ce dernier, ancien conseiller national tessinois, qui a quelque raison de se sentir trahi par son vieux compagnon de route Leuenberger, avec lequel il a défendu, à titre d'avocat plusieurs causes retentissantes, poursuivra-t-il ses activités de président de Swissmetro? "S'il y a un espoir de continuer et de financer l'étude de faisabilité cela vaut la peine de rester". Le coup de poignard de Leuenberger Les propos tenus par le conseiller fédéral Moritz Leuenberger dans le Journal "24 heures" de jeudi dernier sur Swissmetro constituent aux yeux de ses responsables un véritable coup de poignard au projet. Lors d'une question posée en marge d'un plaidoyer effectué en faveur du métro lausannois M2 soumis au verdict des urnes, le chef du Département des transports a avoué, en tant que ministre des Transports, ne plus croire au projet. "Si j'était ministre de la Recherche, je dirais autre chose. Voyez-vous, même si je restais encore quinze ans, Swissmetro ne sera jamais assez avancé pour être inclus dans une planification à vue humaine. Quand je vois qu'il faut douze ans ou plus pour creuser quelques dizaines de kilomètres au Gothard (...) et quand je songe aux difficulté que soulève la sécurité dans nos tunnels, je ne vois vraiment pas comment on parviendra à les résoudre pour Swissmetro." "Moritz Leuenberger nous fournit les arguments qui auraient pu être tenus il y a des années. Nous avons fini de jouer au chat et à la souris. Un projet de cette ampleur doit toujours à la base être soutenu par l'Etat, les retours sur investissement n'existent que 15 ans plus tard. J'observe que cela fait des années que le Conseil fédéral jette l'argent par les fenêtres en faveur des CFF", s'étrangle d'indignation le président de Swissmetro Sergio Salvioni. "Sur le fond, il est incorrect de comparer la situation du Gothard avec un tronçon de 300 kilomètres entre Genève et St-Gall. Le problème géologique ne se compare pas avec celui des Alpes. Le diamètre d'un tunnel comme celui du projet de Swissmetro n'est que de six mètres, sans compter qu'il n'existe ici aucun risque d'incendie", poursuit l'avocat tessinois. Edgar Bloch, La Liberté, 18.11.2002 |
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