Au congrès Convergence, un nouveau monde de l'automobile s'affirme, le conducteur placé sous assistance.

Tous les deux ans, les industriels de l'automobile, de l'électronique et de l'informatique se retrouvent aux Etats-Unis, à Detroit, pour tenter d'établir des passerelles entre leurs univers. Une convergence de plus en plus concrète et qui donne des voitures plus sûres et plus intelligentes.

Le "mur" entre l'Est (les fabricants de voitures) et l'Ouest ((industrie du software) serait-il sur le point de tomber aux Etats-Unis? C'est tout le souhait de Dick Brass, vice-président de Microsoft en charge du développement technologique, qui a utilisé cette formule en ouverture du congrès Convergence. Il citait ainsi... Ronald Reagan, quand le cow-boy de la Maison-Blanche s'adressait à Gorbatchev pour lui demander de libérer Berlin. Beau symbole et qui témoigne du dialogue difficile entre les Big Three et les géants de la planète informatique.

Certes, Microsoft commence à se faire une place dans l'automobile, depuis l'adoption de l'Auto PC chez Citroën, et surtout depuis l'arrivée de son logiciel Windows CE chez BMW et Toyota. Treize modèles seraient d'ores et déjà concernés au sein de l'industrie automobile. Un autre avis valait la peine d'être rapporté, celui de Wolfgang Zierbart, le patron de Continental. Cet ancien de BMW a rappelé que l'électronique représentait aujourd'hui 22 % du coût d'une voiture et que cette proportion allait passer à 35 % d'ici à 2010. Il est vrai que toutes les innovations majeures passent par des capteurs et des processeurs. Il en va ainsi du freinage (distance réduite à 100 km/h à 30 m seulement) et de la tenue de route (ABS, ESP).

Continental prévoit un châssis actif, capable de dialoguer avec les puces dans les pneus et la suspension pour garantir une sécurité maximale. La sécurité était d'ailleurs le maître mot de cette édition 2002 de Convergence. On put voir ainsi plusieurs applications faisant appel à la vidéo, en plus du radar intelligent, pour assures un suivi de ligne et alerter le conducteur d'une possible sortie de route par des vibrations dans le siège. Motorola prévoit par exemple la commercialisation d'un tel système en 2006. Chrysler a travaillé pour sa part avec le MIT, le fameux Massachusetts Instituts of Technology, sur le principe des battements de paupières, filmés en permanence. Trop fréquents, ils indiquent une amorce de somnolence et déclenchent l'alerte appropriée.

BMW avait choisi de présenter en avant-première l'éclairage pixélisé. Ce procédé permet de distribuer la lumière là où c'est vraiment indispensable, en fonction des conditions de circulation et sans assistance mécanique. Le système va jusqu'à afficher virtuellement les lignes blanches de la route ou la silhouette du camion masqué par un banc de brouillard. Cette vision améliorée détourne des techniques militaires avec l'infrarouge, présentée par Valeo. Elle permet de détecter les animaux ou les piétons par la chaleur qu'ils émettent, améliorant ainsi de 5 fois la portée des phares. Le système équipe déjà des Cadillac. Il va arriver prochainement sur la Volvo XC 90. Valeo a par ailleurs constitué un joint-venture avec Raytheon pour entourer le véhicule d'un cocon électronique. Toujours en matière de sécurité, on ne compte plus les fournisseurs de capteurs pour mesurer la pression des pneus, mesure obligatoire aux Etats-Unis à partir de novembre 2003.

Le confort n'est pas oublié avec l'aide au parking et l'ouverture des portes sans clé. A ce sujet, Daimler-Chrysler a dévoilé un concept étonnant: une clé vocale. Il suffit de parler à sa voiture pour déverrouiller les portes et les vitres. Le module de reconnaissance vocale, fourni par Visteon, pourrait entrer rapidement en production. De plus en plus de fonctions seront pilotées à l'avenir par la voix: radio, clim, téléphone, Internet ce qui meublera l'ennui de la conduite autoroutière en tentant de ne pas disperser l'attention de conducteur.

Les Français appellent à l'aide

Une majorité de Français souhaitent que les automobiles soient équipées de détecteurs d'obstacles, de systèmes anticollision et de détecteurs de vigilance. Selon un sondage Ipsos réalisé pour le dernier Mondial de l'auto, beaucoup seraient prêts à payer pour équiper leur véhicule de ces options. Le système anticollision, déjà commercialisé par quelques constructeurs, recueille 52 % des suffrages. Ce dispositif permet de ralentir un véhicule lorsque le radar embarqué détecte un obstacle. En seconde position, 47 % des conducteurs sont prêts à adopter le système permettant de lutter contre l'assoupissement au volant, ce qui rejoint la préoccupation de nos lecteurs. En témoigne l'abondant courrier que nous avons reçu à la suite de notre enquête sur la vitesse sur la route et qui approuve massivement nos conclusions.

Laurent Meillaud, Le Figaro, 03.02.2003