Lausanne reprend la Serpentine à son compte

La capitale vaudoise espère toujours voir un jour ce petit véhicule électrique et autonome dans ses rues. Elle a repris hier le flambeau du projet des mains de ses concepteurs.

Lausanne croit encore et toujours en la Serpentine. Ce petit véhicule électrique révolutionnaire et autonome, présenté comme un moyen de transport alternatif et complémentaire aux transports publics traditionnels, accuse pourtant presque deux ans de retard par rapport au développement qui était initialement prévu par ses concepteurs. Quant à l'homologation du système par l'Office fédéral des routes, indispensable à une future mise en service, elle est loin d'être acquise. Bien qu'un prototype soit physiquement présent à l'arrêt sur la piste de démonstration aménagée le long des quais d'Ouchy, et ceci depuis une quinzaine de mois, les nuages semblaient donc s'amonceler au-dessus de la Serpentine.

C'était sans compter sur la volonté de la ville de Lausanne de poursuivre l'aventure. Le contrat passé entre la société CN Serpentine SA, qui a développé le projet, et la capitale vaudoise, qui le soutenait, étant arrivé à échéance, Lausanne a décidé de "prendre possessions" de la Serpentine. La transmission des dossiers techniques a eu lieu hier au Musée olympique entre Bernard Saugy, père spirituel de la Serpentine, et Olivier Français, directeur des travaux de la ville. "Cette remise du dossier technique, ainsi que du matériel de démonstration, va nous permettre de préparer la suite", indique Olivier Français.

Lausanne ne cache pas vouloir désormais conduire le projet Serpentine jusqu'au stade de préindustrialisation. Une étape qui signifiera la réelle mise en fonction de ce nouveau moyen de transport, mais qui nécessite surtout encore trois à cinq millions de francs supplémentaires. La capitale vaudoise n'entend pas se lancer seule dans l'aventure et compte trouver des partenaires, notamment privés. Hier, Olivier Français se voulait optimiste et imaginait déjà vendre entre 1'000 et 2'000 Serpentine par année une fois que le système sera totalement opérationnel.

Car ces petites capsules, guidées par un rail électromagnétique enterré dans le bitume, intriguent bien au-delà de nos frontières. Plusieurs délégations de villes françaises (Monaco, Nantes, Strasbourg, etc.) ont fait le déplacement de Lausanne pour l'observer et les voir en mouvement. La Serpentine est en réalité le prototype le plus achevé d'une catégorie de véhicules baptisés "Cybercars", qui intéresse de nombreuses villes européennes de grande et moyenne importances, confrontées comme partout à la congestion croissante du trafic automobile.

Pouvant transporter jusqu'à quatre personnes grâce à une faible consommation d'énergie électrique, silencieuse, presque non polluante, conjuguant moyen de transport public et individuel, la Serpentine a sans doute tous les atouts pour devenir un moyen de transport urbain ces prochaines décennies. Son concepteur, Bernard Saugy, en rêve depuis maintenant plus de 20 ans.

Laurent Caspary, La Liberté, 15.02.2003