Plus de mille participants sont attendus à Bruxelles les 11 et 12 mars pour la troisième édition de l' "European Business Summit" (EBS). Cette rencontre sera consacrée à la recherche et à l'innovation dans la perspective d'une Europe plus forte et plus compétitive.

Troisième "European Business Summit" : priorité à la recherche et à l'innovation

Bruxelles a aussi son forum économique, l'European Business Summit, qui a été créé en 2000 à l'initiative de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) et de l'organisation patronale européenne (UNICE). "Bruxelles ne doit pas être seulement la capitale de la bureaucratie, mais aussi celle du business" s'exclame Didier Malherbe. "L'EBS est un lieu de rencontre entre tous les acteurs européens du monde de l'entreprise, officiels et non officiels" souligne le directeur général de l'EBS. Cette année, le thème choisi "la recherche et l'innovation" devrait permettre de faire le point à mi-parcours sur la stratégie de Lisbonne, qui vise à faire de l'Europe l'économie la plus compétitive du monde d'ici à 2010. Un objectif loin d'être atteint.

Insatisfaction

"Nous sommes face à un paradoxe", explique Baudoin Velge, directeur du département économique de la FEB. "D'un côté les gouvernements insistent sur la compétitivité de l'Europe, mais de l'autre ils édictent des règles qui vont dans un sens complètement opposé". Les participants au forum auront sur leur table une étude réalisée par la FEB et le consultant Arthur D. Little. Selon cette étude, les chefs d'entreprise estiment tout à fait urgent de mettre l'accent sur la recherche et l'innovation. Ils sont prêts à fournir l'effort nécessaire. Mais leur élan est freiné par plusieurs obstacles: la pression fiscale, la problématique des autorisations (permis d'environnement, permis de bâtir, sécurité des produits), les charges régionales (comme les taxes environnementales et énergétiques) et le manque de continuité de la politique.

L'insatisfaction est très grande en Belgique, en Autriche et en Allemagne. Les patrons suisses se montrent quant à eux plus satisfaits de leur sort: 41 % d'entre eux considèrent la Suisse comme une place attractive, alors que les Autrichiens sont seulement 5 % et les Allemands 13 % à avoir une opinion identique  de leur pays. "En Suisse, la fiscalité est plus intéressante et la stabilité politique procure un environnement favorable" commente Herman Vantrappen, directeur d'Arthur D. Little.

Risque de délocalisation

Les responsables de l'EBS, auquel participeront plusieurs commissaires européens ainsi que le ministre belge des Finances, Didier Reynders, espèrent que les gouvernements entendront l'appel lancé par les chefs d'entreprise. "Car si les gouvernements ne font rien, les entreprises vont délocaliser la capacité de R&D et la développer en dehors de l'UE" insiste Baudoin Velge. Quant aux petites et moyennes entreprises, pour lesquelles la délocalisation constitue une possibilité secondaire, elles seront moins innovantes et leur compétitivité en sera réduite.

La FEB demande donc instamment aux autorités belges d'encourager les investissements des entreprises en R&D, notamment en réduisant les formalités administratives et en levant les entraves réglementaires. Au niveau européen, la FEB souhaite l'instauration rapide d'un brevet européen peu coûteux et opérationnel "un dossier qui traîne depuis une dizaine d'années" afin que soit facilité l'accès des PME aux programmes européens de recherche. Les Universités jouent également un rôle important: trop peu d'étudiants, regrette Baudoin Velge, sont attirés par les sciences, en comparaison avec d'autres continents.

Les organisateurs de l'EBS soulignent un dernier élément: la peur que suscitent dans l'opinion publique les nouvelles technologies, par exemple les OGM. Cette peur constitue un frein pour le développement de la recherche. Comment renverser cette image négative? "Par un effort d'explication" répond Philippe de Buck, secrétaire général de l'UNICE.

L'écart se creuse avec les Etats-Unis

L'UE s'est fixé comme objectif que les dépenses en R&D atteignent 3 % du PIB à l'horizon 2010. Le chemin est encore long. D'après les dernières statistiques fournies par la Commission européenne, elles représentaient dans l'UE en 2001 1,98 % du PIB et devraient s'élever à 1,99 % en 2002. Une progression qui est beaucoup trop lente. En conséquence, l'écart avec les Etats-Unis et le Japon se creuse: les dépenses de R&D du Japon étaient de 2,98 % en 2000 et celles des Etats-Unis de 2,80 %. Dans l'UE, seules la Suède (4,27 %) et la Finlande (3,49 %) dépassent les 3 %. Quatre pays "l'Allemagne (2,49 %), le Danemark (2,40 %), la France (2,20 %) et la Belgique (2,17 %)"  présentent des taux supérieurs à la moyenne communautaire. Quant aux nouveaux adhérents, le niveau était de 0,84 % en 2001. Le taux de 1% est dépassé par la Slovénie et la République tchèque. La situation va donc s'aggraver avec l'arrivée des nouveaux membres. "L'Europe prend du retard par rapport aux Etats-Unis, mais on doit aussi prendre garde au dynamisme de l'Inde et bientôt de la Chine" prévient Philippe de Buck.

De Bruxelles, Barbara Speziali, Entreprise Romande, 05.03.2004