Les inventeurs suisses étaient nombreux au Salon des inventions! Malheureusement, ils ont peu bénéficié de l'intérêt des journalistes! Quelque trente-cinq prix spéciaux ont été remis à autant d'inventeurs (sur près de mille inventions inédites) lors du dernier Salon international des inventions, techniques et produits nouveaux, 32e du nom, qui s'est tenu à Genève du 31 mars au 4 avril 2004. Parmi ces distinctions, la médaille d'argent a récompensé un inventeur suisse: Gilbert Decourioux. "Les inventeurs suisses ont présenté beaucoup de choses intéressantes lors de ce salon. Malheureusement, peu de Journalistes s'y sont intéressés, obnubilés notamment par le projet de tour du monde en avion solaire de Bertrand Piccard ...", déplore cet entrepreneur en gypserie-peinture installé à Genève. Comme beaucoup d'inventeurs, c'est en marge de son activité professionnelle que Gilbert Decourioux conçoit et développe ses inventions. Il rien est pas à sa première trouvaille. Avant cette année, il avait d'ailleurs déjà fréquenté les stands du Salon des inventions... "Il y a une vingtaine d'années", précise-t-il. Quels avantages retirez-vous d'être exposant au Salon international des inventions? Gilbert Decourioux : Cela permet de nouer des contacts. Les inventeurs s'y font connaître et y repèrent des sociétés susceptibles d'être intéressées par leur invention ou d'être équipées pour la fabriquer, par exemple. Quand en plus on y reçoit un prix, ça vaut la peine! Qu'est ce que la médaille d'argent que vous y avez reçue signifie pour vous? Recevoir un prix, c'est encourageant! Cela veut dire que des personnes, formant un jury, reconnaissent le travail que vous avez fourni. Cela lui donne une valeur! C'est une preuve qu'on a fait quelque chose de correct. Pas question, en revanche, d'attraper la grosse tête... Pouvez-vous décrire votre invention? C'est un dispositif mécanique électrique qui permet d'amener à sa portée un "tiroir" indépendant, inaccessible sans escalader un escabeau ou une échelle, pour prendre ou ranger quelque chose. A l'aide d'une télécommande, l'utilisateur ouvre le "tiroir" et l'amène à la hauteur ergonomique. Le système permet également d'ouvrir un "tiroir" trop bas, afin d'éviter de se pencher. Enfin, j'imagine une foule d'application pour ce dispositif! Par exemple? Les cultures de végétaux en étages: le système faciliterait l'entretien et la récolte des plantes situées dans les étages supérieurs (tomates ou fraises, par exemple). Utilisé dans les bureaux, il permettrait d'économiser des surfaces de location en utilisant le maximum d'espace disponible, soit jusqu' au plafond, pour le rangement ou l'archivage. Enfin, je pense qu'il y a un réel débouché dans les aménagements conçus pour faciliter la vie des personnes soufrant d'un handicap physique. Je crois que mon dispositif s'inscrit parfaitement dans la philosophie actuelle tant de la sécurité au travail que sur le plan domestique. Comment avez-vous eu l'idée de développer un tel système? Il y a longtemps, une de mes clientes, une femme de petite taille et d'un certain âge, qui venait de faire refaire l'aménagement de sa cuisine, s'est interrogée devant moi sur l'utilité des placards haut placés: "Je suis petite: à quoi me servent-ils si je ne peux pas les atteindre?" L'idée était née! Son développement vous a donc pris plusieurs années? Oui, car je ne me consacre à mes inventions qu'à mes heures perdues... Et puis ce sont souvent les systèmes les plus simples qui demandent beaucoup de recherche, précisément pour simplifier au maximum le dispositif. Avez-vous déposé une demande de brevet pour votre invention? Bien sûr! J'ai déposé une demande internationale auprès de l'OMPI. La recherche d'antériorité est terminée: elle a montré que, s'il existe des systèmes similaires, aucun d'entre eux n'est aussi simple que le mien. La suite de la procédure est encore en cours. Prochaine étape? Je vais essayer de concrétiser l'idée! Il s'agit de trouver une société susceptible de fabriquer puis de monter le mécanisme. Je viens à cet effet d'envoyer une dizaine de lettres dans toute l'Europe à l'intention d'entreprises repérées notamment dans le cadre du Salon des inventions (cuisinistes, fabricants d'articles de quincaillerie, etc.). Bien sûr, l'idéal est de trouver quelqu'un intéressé à acheter le dispositif ou de distribuer des licences d'exploitation à certaines sociétés ou encore de bénéficier du soutien logistique et financier d'une entreprise... Malheureusement, ces occasions sont rares et le chemin qui part de l'idée et qui aboutit à sa mercialisation s'apparente à un parcours du combattant... Quelle invention aviez-vous présentée au Salon il y a vingt ans et qu'est-elle devenue? C'est un dispositif, baptisé Rolessor, qui permet de nettoyer en quelques minutes les rouleaux de peinture à l'émail, alors que ce nettoyage nécessite d'ordinaire vingt bonnes minutes... J'ai fait fabriquer quelque six cents pièces que j'ai vendues en Suisse et dans plusieurs salons professionnels à Bâle, Paris, Munich. Catherine Garavaglia, Entreprise Romande, 04.2004 |
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