L'EMPA, 125 ans, n'a pas besoin de Lausanne pour bien rayonner Le laboratoire de recherches s'est mué en un centre innovateur. Il souhaite se rapprocher de l'EPFL mais sans se délocaliser. La mise en réseau c'est bien aussi. La mariée est trop belle pour se livrer corps et âme à l'EPFL. Jouissant de l'âge respectable de 125 ans, le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA Materials Science & Technology est sa nouvelle dénomination) n'a pas l'intention de se laisser dévorer, partiellement ou totalement, par Lausanne. A sa tête depuis quatre ans, le directeur Louis Schlapbach met au bénéfice de l'EMPA de belles réussites. Hier à Zurich, lors de la conférence de presse annuelle, il a répété qu'un transfert total des activités sur les bords du Léman ne recueillait certainement pas ses faveurs. L'idée de fixer intégralement en Suisse romande un centre de compétences en microtechnique et en science des matériaux, articulé autour de l'EPFL, de l'EMPA et du CSEM neuchâtelois (Centre suisse d'électronique et de microtechnique) ne recueille pas l'adhésion du physicien. Même si ce regroupement est souhaité tant par le président du Conseil des EPF (CEPF) Alexander Zehnder que par Patrick Aebischer, directeur de l'EPFL. "II faut se demander si la plus grande plus-value s'obtient par la mise en réseau des meilleures têtes ou en investissant 250 millions dans un nouveau bâtiment", a-t-il ironisé. Evidemment, la décision que Louis Schlapbach espère en juin prochain "pour savoir où nous irons" est du seul ressort du CERF. Réfléchir aussi avec le CSEM Il n'existe toutefois pas de concurrence entre EMPA et EPFL. Au contraire, des collaborations intenses se développent entre chercheurs (le quart des doctorants de l'EMPA poursuit des recherches à Lausanne) ainsi qu'avec le CSEM. Concernant celui-ci, "une cinquantaine de personnes travaillent à Zurich et sont susceptibles de venir à Dübendorf. Parallèlement, nous pouvons réfléchir au déplacement de certaines activités de notre site de Thoune à Neuchâtel", confie Louis Schlapbach. Ancien recteur de l'Université de Fribourg, où il a exercé longtemps ses compétences dans le domaine des matériaux condensés, Louis Schlapbach a développé l'art de construire des ponts plutôt que de cultiver les conflits. Reste qu'il annonce la couleur: il travaille volontiers avec Patrick Aebischer, mais ne se laissera pas avaler sans autre. "Lorsque j'ai été désigné en 2000, on m'a donné la mission de transformer l'EMPA en centre de recherches et de développement. J'ai réussi et je trouve dès lors un peu incorrect ces changements de cap pris par le CERF". 36 millions venus de tiers A entendre son directeur et à voir les succès de ses jeunes chercheurs, le prestigieux laboratoire, longtemps perçu comme une institution poussiéreuse, a réussi sa mue. Son budget annuel est de 120 millions. Et 36 millions proviennent de tiers: c'est le pourcentage le plus élevé du domaine des EPF. Les 816 collaborateurs comptent 360 diplômés de Hautes écoles et près de 100 doctorants. L'EMPA a également déposé 23 brevets l'an passé. Le nombre de publications référencées a augmenté et avoisine les 200. En 2004, l'EMPA a été le partenaire innovatif de nombreuses entreprises industrielles, dont des PME en Suisse et dans des pays limitrophes, il se montre également fier d'être un partenaire de choix pour deux firmes nippones. 6'000 Académiciens Outre des essais ne peuvent être réalisés par aucun laboratoire privé ou public, l'académie de l'EMPA a encore élargi son programme technico-scientifique. Elle organise des manifestations sur son site de Dübendorf et de Saint-Gall, mais aussi de manière mobile dans toutes les régions de Suisse. Près de 6'000 personnes y ont pris part. Ses efforts focalisés sur la nanotechnologie, les systèmes et matériaux adaptatifs, l'homme sain, la technosphère et l'atmosphère, les matériaux pour les techniques énergétiques, sont autant de clés pour le succès de son développement. La Liberté, Edgard Bloch, 23 mars 2005 |
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