De la betterave au papier
Lancé en automne dernier à l'Ecole française de papeterie et des industries graphiques, un projet unissant quatorze partenaires, dont une entreprise suisse, vise à attribuer aux déchets de betterave sucrière une seconde vie. Ces déchets, ce sont les six millions de tonnes de pulpes de betterave résultant du traitement des cent seize millions de tonnes de betteraves cultivées en Europe chaque année pour la production de sucre.
Le secteur betteravier européen occupe quatre cent mille producteurs, PME indépendantes ou unies en coopératives. Selon la Politique agricole commune européenne, les betteraviers sont propriétaires de la pulpe de betterave. Ils ont donc intérêt à la valoriser. Actuellement, elle est essentiellement utilisée pour nourrir les animaux mais cela en génère que de faibles revenus, qui tendent en outre à diminuer.
Le projet propose de transformer la pulpe de betterave en un produit à haute valeur ajoutée : des micro-fibrilles végétales blanchies utilisées pour opacifier le papier et le carton blancs. Les additifs minéraux actuellement utilisés sont source de problèmes environnementaux et affectent les propriétés mécaniques du papier.
Les travaux de recherche mettent l'accent sur le blanchiment des miro-fibrilles, afin de correspondre aux spécifications des papiers et cartons. Les meilleures façons d'introduire ces nouvelles charges végétales dans le papier et l'intégration du procédé de production de ces additifs dans les usines de sucre sont également au programme.
Grâce à ce projet, les betteraviers bénéficieront d'une solution de valorisation innovante, plus intéressante que l'alimentation du bétail et correspondant à un marché de grande consommation. Compte tenu de la réforme à venir concernant le marché du sucre (diminution du prix du sucre de 36 % sur quatre ans, incitation pour les producteurs peu compétitifs à abandonner le secteur, à financer la mise en place d'activités remplaçant la production de sucre ; diminution prévue de la production : 5 millions de tonnes par an), cette voie de valorisation offrira aux producteurs de betteraves la possibilité de maintenir des revenus constants grâce à une meilleure exploitation des déchets. Pour les fabricants de papier et cartons, les micro-fibrilles végétales apporteront des avantages en termes de compétitivité et de qualités techniques et écologiques.
Entreprise romande, 2 février 2007, C. G.
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