Un logiciel transforme des photos en images 3D
Aujourd'hui, il n'est pas rare de prendre cinq cents photos ou plus en vacances. Photo numérique oblige, de nouvelles habitudes se créent. Mais que faire de toutes ces images qui ne se justifient pas toujours ou parfois se répètent ? Et si la solution passait par une technologie encore plus avancée : la photo numérique en trois dimensions (3D) ?
Le logiciel Photosynth a pour ambition de réaliser cet exploit. Encore en phase de test, il permettra peut-être bientôt de se balader virtuellement sur la muraille de Chine, dans la cathédrale de Chartres ou dans tout autre lieu magique visité pendant ses congés.
Il servira également d'outil de travail précieux pour certains professionnels (ingénieurs et spécialistes des métiers de la construction par exemple) qui ont recours de façon intensive aux images dans leurs tâches quotidiennes.
L'industrie alliée à l'université
Photosynth est le fruit d'un travail commun entre les « live labs » de Microsoft et un groupe de chercheurs de l'Université de Washington. Lancés il y a un an, les « live labs » de Microsoft réunissent plusieurs équipes d'ingénieurs et de scientifiques qui travaillent sur des projets innovants et des technologies que l'on ne verra peut-être pas avant plusieurs années. « Live labs se veut une alliance entre les fiques du monde », explique Gary William Flake, un des responsables du programme.
Issu de cette perspective de travail futuriste, le projet Photosynth a pour but de mettre en relation un maximum de vues photographiques (jusqu'à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers) pour recréer un véritable environnement en trois dimensions.
En pratique, le logiciel analyse les similarités entre des clichés 2D, issus d'appareils photos, d'époques ou d'angles différents, pour reconstruire une vue tridimensionnelle. Les algorithmes sont chargés d'extraire les points distinctifs de chaque image (un angle de fenêtre, une poignée de porte, etc.) et de les mettre en relation pour obtenir une vision 3D.
Une liberté totale de déplacement
Une fois cet environnement constitué, il est possible de s'y déplacer librement. En effet, l'interface affiche à la fois une vue principale et, en arrière-plan, toutes les images et les points de vue ayant permis de constituer la scène : il est ainsi facile de faire varier totalement la perspective. L'utilisateur « zoome » alors à sa guise au milieu du décor et, par exemple, « pénètre » à l'intérieur d'un monument. Il peut aussi littéralement prendre de la hauteur pour admirer un espace sous différents angles. Finalement, on « vit » davantage la photo qu'on ne la regarde.
Signalons encore que la mise en commun de nombreux clichés grâce à internet donnerait la possibilité de constituer une vaste photothèque 3D disponible pour tout un chacun.
Dans la démonstration du logiciel Photosynth proposée en ligne par Microsoft, il est toutefois encore impossible de « jouer » avec ses propres images.
Les concepteurs expliquent qu'ils proposeront ce service « aussi vite qu'ils le peuvent », mais que pour le moment des obstacles techniques trop importants subsistent. « Aujourd'hui, le processus de transformation des images requiert beaucoup trop de temps, des heures parfois. Nous avons de nombreuses idées pour résoudre ces problèmes, mais des tests sont encore nécessaires », indique l'équipe de développement. Conséquence : aucune date n'a été donnée pour la version finale du logiciel.
Microsoft propose cependant déjà une série d'exemples d'images 3D sur internet : la place Saint-Marc à Vénise, le studio de l'artiste Gary Faigin à Seattle, une vue de Rome et une d'un paysage canadien. A titre d'information, la scène de la place Saint-Pierre à Rome aura requis deux cent septante-quatre clichés pris sur une période de deux semaines.
Grégory Tesnier
http://labs.live.com/photosynth/
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