Recherche et innovation: soignons nos (seules) matières premières!

Il y a, en Suisse, de moins en moins d'entreprises innovantes. Si les investissements en recherche et développement à l'étranger et les PME en général font pour l'instant exception, il faut une prise de conscience et de l'action pour que conservions de l'avance sur nos concurrents.

A l'heure où les Chambres fédérales mettent enfin sous toit les dispositions permettant d'octroyer les crédits pour la formation, la recherche et l'innovation au cours des années 2008 à 2011, il est intéressant de mettre en lumière quelques-uns des résultats d'une recherche sur l'innovation parue l'été dernier. Cette enquête, menée par le Centre de recherches conjoncturelles de l'EPFZ (KOF) et dont c'est la 6e édition en une quinzaine d'années, montre que, depuis le début des années 1990, la proportion globale d'entreprises innovatrices a régulièrement diminué. Le nombre de brevets déposés est lui relativement stable, à un niveau assez bas toutefois.

Une lente érosion

S'agissant spécialement du secteur des services, le pourcentage d'entreprises innovantes est désormais lui aussi en baisse sensible depuis quelques années, alors qu'il était constamment resté à un haut niveau tout au long des années 1990. Par ailleurs, dans tous les secteurs, la part des dépenses d'innovation dans le chiffre d'affaires s'est nettement affaiblie au cours des années 2003 à 2005. Au fil des ans, la structure des dépenses s'est aussi modifiée, la recherche fondamentale devant faire toujours plus de place non seulement à l'application, mais aussi aux investissements consécutifs à une innovation (études de marché par exemple).

Les auteurs de l'étude attribuent à l'évolution conjoncturelle le rôle principal dans le recul de l'activité innovante, des éléments structurels (comme le durcissement de la concurrence) ayant aussi probablement eu de l'incidence.

Deux exceptions: l'étranger...

Entre 2000 et 2005, la proportion d'entreprises suisses investissant à l'étranger dans des activités de recherche et développement (R&D) a par contre augmenté de 15% à 21%. Cette croissance s'explique surtout par des motifs de proximité des marchés (adaptation à l'étranger de produits développés en Suisse). Mais pour certaines sociétés, dont de plus en plus de grandes entreprises, l'aspect des coûts qui peuvent diminué en effectuant la R&D à l'étranger joue aussi un rôle. Pour l'instant, il semble ainsi que l'hypothèse dite “de la complémentarité“ (les activités de R&D à l'étranger facilitent l'implantation des entreprises suisses sur ces marchés) l'emporte sur celle, plus inquiétante, dite “de la substitution“ (transfert progressif à l'étranger de nos capacités en R&D). Mais cette situation pourrait changer.... et les PME

En comparaison internationale, alors que pour les entreprises de plus grande taille, la Suisse se trouve dans la moitié inférieure du classement, elle arrive en tête aussi bien pour les petites que pour les moyennes entreprises. Cela confirme que, chez nous, beaucoup d'entreprises sont capables, à partir de recherches menées à l'interne, d'aboutir à des découvertes et de les intégrer ensuite à leur production. Par ailleurs, elles sont nombreuses à pouvoir occuper des créneaux sur le marché mondialisé en lançant des spécialités de haute valeur.

Cela dit, sur le plan général, la Suisse a perdu de son avance au classement et se trouve désormais talonnée par la Suède, l'Allemagne et d'autres. L'effort ne doit donc pas être relâché, d'autant que d'après les résultats d'une autre étude, menée celle-là sur le plan mondial, seuls 34% des Suisses sont favorables à l'idée d'accorder plus d'importance à la recherche et au développement dans les nouvelles technologies, contre 97% des Chinois ou 70% des Albanais par exemple.

L'enquête détaillée du KOF peut être commandée auprès du SECO, Direction de la politique économique, Secrétariat croissance et politique de la concurrence, tél. 031 322 42 27. On en trouve un résumé (téléchargeable au format PDF) dans l'édition de juillet et août 2007 de la revue La Vie économique, www.lavieconomique.ch