L’avion solaire de Bertrand Piccard se construit à Dübendorf /ZH. En 2009, il fera ses premiers vols d’essai à Payerne. Solar Impulse : des commandes et mandats pour plusieurs entreprises romandes Même si l’avion solaire de Bertrand Piccard et André Borschberg fait un peu moins la une des médias suisses ces derniers mois, le projet avance très concrètement : “Nous sommes aujourd’hui dans la phase de la construction de l’avion-prototype, dans l’une des halles de l’aéroport de Dübendorf, près de Zurich“ indique le CEO de Solar Impulse, André Borschberg. “C’est la phase où les différents éléments sont assemblés et où surgissent des problèmes imprévus qu’il faut rapidement résoudre !“. Dans son ensemble, le projet avance selon le planning établi. Cette phase est donc idéale pour analyser les retombées économiques réelles pour l’économie romande ainsi générées par Solar Impulse, ce projet totalement novateur, voire révolutionnaire. En termes de commandes et de mandats octroyés à des entreprises romandes, le montant total atteint plusieurs millions de francs. Du high tech Un rapide tour d’horizon permet à André Borschberg de mentionner six sociétés romandes qui travaillent pour l’avion solaire Solar Impulse. Le partenaire romand le plus important est l’entreprise Décision SA, à Corsier/Vevey : révélée par ses prestations de haut niveau mises en œuvre pour le bateau Alinghi, elle apporte son savoir-faire à Solar Impulse en matière de matériaux composites. Mais cette recherche va beaucoup plus loin que ce qui avait été fait pour le bateau : “Notre avion est très léger et il doit être très solide ; les exigences techniques sont donc beaucoup plus pointues que pour un bateau“ précise André Borschberg. Cela étant, pour Décision SA, c’est une étape très importante, car la société, en plus de ses compétences dans le domaine des matériaux pour les coques de bateaux, est entrée dans le monde très fermé de l’aéronautique grâce à Solar Impulse. C’est un nouveau domaine industriel qui s’ouvre pour elle et l’avenir est très prometteur : avec le prix du kérosène, les avionneurs vont très rapidement s’intéresser à des avions construits en matériaux plus légers que ceux utilisés aujourd’hui… Moteurs, interfaces et batteries La société Etel Motion Technology SA, à Môtiers (Neuchâtel), est chargée de réaliser la partie électrique du moteur. Comme celui-ci sera petit, tout doit fonctionner à une échelle beaucoup plus petite que la normale. D’où de beaux défis de miniaturisation à relever ! A Yverdon-les Bains, c’est la société Micro-Beam SA une start-up de l’EPFL qui développe la commande électrique que du moteur. “Là aussi, nous cherchons à pousser les rendements et la réduction du poids au maximum“ précise André Borschberg. Au bout du lac Léman, ce sont les SIG (Services Industriels de Genève) qui sont chargés des tests des batteries. Le stockage de l’électricité étant une préoccupation majeure des SIG, ils ont décidé de s’équiper pour pouvoir mener des tests très poussés sur les nouveaux types de batteries, afin d’améliorer la densité d’énergie. “Dans chaque domaine, nous devons trouver la technologie la plus avancée“ explique André Borschberg. Ainsi, les batteries sont fabriquées par une entreprise coréenne, avec laquelle travaille la société chimique belge Solvay l’un des partenaires principaux de Solar Impulse. Ensemble elles sont chargées de trouver le système d’électrolyse le plus performant. Quant aux panneaux solaires (c’est évidemment le soleil qui fournira l’énergie nécessaire au fonctionnement des moteurs), c’est une société américaine qui les livrera. “Carcasse“ et communication Dans deux domaines encore, Solar Impulse a donné des commandes et mandats à des sociétés romandes. Zedem Sàrl à Pampigny (Vaud) est une petite société très performante qui est chargée de fabriquer la “carcasse“ dans laquelle le moteur électrique sera placé. De nombreux problèmes sont à résoudre, qui sont autant de défis à relever pour cette jeune entreprise. En matière de communication, c’est la société. J. Bontron (Genève) qui est chargée de la communication visuelle (3 D), du site web et de la tenue du journal de bord électronique. “Ces six sociétés romandes sont nos partenaires les plus importants. D’autres viendront sans doute s’y ajouter avec l’avancée du projet. Solar Impulse leur offre une notoriété très intéressante dans les milieux de haute technologie que nous côtoyons“ commente André Borschberg. Par rapport à l’ensemble des commandes et mandats octroyés, une part importante a ainsi pu l’être à des entreprises romandes : “Toutes les parties essentielles, l’ossature et la motorisation sont construites en Suisse romande. Seuls les batteries, les cellules solaires et quelques petits composants sont fabriqués ailleurs“ confirme André Borschberg. A quoi viennent encore s’ajouter les salaires des nombreux ingénieurs travaillant pour Solar Impulse et qui habitent en Suisse romande. Seuls les batteries, les cellules solaires et quelques petits composants sont fabriqué ailleurs“ confirme André Borschberg. A quoi viennent encore s’ajouter les salaires des nombreux ingénieurs travaillant pour Solar Impulse et habitent en Suisse romande. Recherche et développement Aux côtés de ces six entreprises romandes, les instituts de recherche (fondamentale et appliquée) occupent une place essentielle. Ainsi, c’est EPFL qui a été choisi en 2003 pour effectuer la première étude de faisabilité de Solar Impulse. Aujourd’hui “conseiller scientifique officiel“ de l’avion solaire, l’EPFL travaille sur l’optimisation du moteur, des systèmes électriques et de l’interface homme/machine. Un autre partenaire scientifique est l’IMT (Institut de microtechnique) à Neuchâtel. C’est lui qui conseille l’équipe de projet dans son choix des panneaux solaires (ils seront de type “couches minces“, au rendement plus fort). Enfin, la HES/Ecole d’Ingénieurs d’Yverdon-les-Bains est chargée des tests sur les parties mécaniques et d’optimiser les résultats fournis par les moteurs. André Borschberg, CEO de Solar Impulse : “Premier vol en 2009“ Votre planning est-il respecté ? Nous le suivons parfaitement. Cette année, nous construisons le prototype et les premiers essais de roulage auront lieu à Dübendorf au début de 2009. Le premier vol aura lieu lui aussi en 2009. Ce vol se fera-t-il à Payerne ? Oui, si aucune conte-décision n’intervient. La halle qui abritera Solar Impulse est actuellement en construction à l’aéroport de Payerne. Quelques problèmes subsistent et sont sur le point d’être réglés. Nos vols d’essai se dérouleront donc à l’aéroport de Payerne. La Broye profitera-t-elle de cette base opérationnelle ? Certainement. Lorsque nos vols d’essai auront lieu, des journalistes du monde entier viendront à Payerne. Toute la presse internationale sera là et c’est l’image de toute la Broye qui en profitera. Plus concrètement, l’hôtellerie et les restaurants de la région bénéficieront incontestablement de notre présence. Nous créerons sans doute aussi quelques emplois sur place. Parlons finances : avez-vous trouvé votre quatrième partenaire principal ? Non, Omega, Solvay et Deutsche Bank restent pour l’instant nos trois partenaires principaux. Nous espérons que le quatrième sera une société américaine ou asiatique. Sur notre budget de 100 millions de francs, 75 sont actuellement financés. Entreprise romande N° 2984 - Jean-Louis Emmenegger - 20 juin 2008 |
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