Swissmetro, la timidité helvétique

Si Rodolphe Nieth a élaboré l'idée de ce nouveau mode de transport en 1974 déjà, c'est en 1992 seulement que la société Swissmetro SA a été fondée à Genève. Une idée suisse romande développée à l'EPFL dont l'exploitation était annoncée pour 2020, voire même 2010 quand les esprits visionnaires étaient encore en activité.

Prenez le temps de lire quelques articles dans cette rubrique et vous saurez comment on tue un bon projet en Suisse: faiblesse des politiques, bataille EPFL - EPFZ, sabot de frein des spécialistes des transports et crainte de la prise de risques accompagnée de beaux discours naïfs. Le compte est bon.

En 2000, la lettre d'information Swissmetro annonçait que l'année avait bien commencé puisque le Parlement avait accepté un crédit d'étude de 2 millions. Qu'est-ce que vous faites dans la recherche avec de pareille misère? Ce geste du bout des doigts était une façon de plomber le projet. Le passé récent confirme ce triste constat.

En 2003, le déménagement de la SA à Berne laissait encore entrevoir un regain d'activité. La société est même domiciliée à la Bahnhofplatz, ce qui est un bon présage.

En 2008 pourtant, nous osons dire que Swissmetro est enterré, à moins qu'un certain Ogi Adolf investisse un peu de son temps de retraite pour creuser le tunnel.

Mais pendant ce temps, malgré un accident tragique, le concurrent allemand et japonais, MAGLEV, repart pour de nouveaux développements. C'est la compagnie japonaise privée JR Toka, qui va investir 53 milliards dans une nouvelle ligne d'ici à 2025.

Le projet Swissmetro est supérieur en conception, en rendement et en facilité d'exploitation. La rentabilité est meilleure. Le respect de l'environnement sous l'aspect durable est au maximum. Les questions de sécurité sont aussi approchées d'une façon optimum. Les simulations et les expériences avec des maquettes ont démontré tous les avantages et l'intérêt de cette solution. C'est suffisant pour des Suisses, être bons en théorie et attendre pour passer à l'action que le pays soit paralysé par le trafic.

Avec la montée du prix du pétrole, faciliter la mobilité et réduire les coûts des déplacements publiques devraient pourtant intéresser nos élus et la population?

2008 une nouvelle année… on peut rêver.