L'eau, une urgence pour les chercheurs
par Jacques Piccard

Inventeur, pourquoi?

Sans qu'il en soit toujours conscient, l'homme dépend fondamentalement de l'eau qui dans l'Antiquité déjà, était considérée avec l'air, la terre et le feu, comme un des quatre constituants de base de la nature.



Contrairement à ce que l'on croit souvent, l'eau n'existe sur la terre qu'en quantité strictement limitée. Cependant, alors qu'on en consomme toujours davantage, la vie moderne nous pousse à la polluer de plus en plus. Les nappes phréatiques sont contaminées, de même que les rivières, les lacs et la mer; l'eau de pluie elle-même, autrefois synonyme d'eau pure, est de plus en plus souvent chargée de particules toxiques, à tel point qu'elle n'est plus toujours potable au sens conventionnel du terme.

Contre cette pollution galopante qui menace dangereusement ce bien suprême dont l'homme dépend pour sa survie, que faire? Souvent, les problèmes sont si graves qu'on n'a d'autres ressources à court terme que de trouver des palliatifs. A plus long terme, il s'agit de comprendre ce qui se passe. Cette tâche incombe aux chercheurs qui, vu la complexité des problèmes, vont souvent devoir passer des années, voire des générations, à reconstituer morceau par morceau, le puzzle de l'équilibre naturel que l'homme a bouleversé en se multipliant, en augmentant sans cesse son niveau de vie et sa puissance de consommation.

A son jardinier qui tardait à planter des arbres en prétextant qu'ils mettraient de toute façon 25 ans à atteindre une belle stature, le Maréchal Lyautey répondit: "25 ans! Alors il n'y a pas une minute à perdre, plantez-les tout de suite!"

 

C'est avec le même sentiment d'urgence que nous avons décidé, tout comme d'innombrables chercheurs du monde entier, de nous atteler aux problèmes de l'environnement, notamment avec notre sous-marin de recherche, le F.A.-Forel, qui totalise aujourd'hui plus de mille plongées dans douze lacs suisses et étrangers ainsi qu'en Méditerranée et qui a permis l'élaboration de deux thèses dont l'une sur les ombles chevaliers dans le Léman.