L'absence de capital risque tue l'innovation industrielle
La prise de risque est absente du paysage helvétique ? La question est illustrée par un cas pratique concret, une tentative pour donner tord aux sceptiques, aux politiques et décideurs qui causent sans agir. Phœnix, une rectifieuse performante peut apporter du souffle à un fabricant Suisse de machines.
La Suisse pays d'innovation ? Tourisme à la traîne par manque de nouvelles stratégies et d'investissements. Industrie des machines mourante à cause des coûts de production. Chimie, agro-alimentaire corsetés par les lois et les fonctionnaires. Les grandes banques délocalisent leurs services internes et ne connaissent pas le capital-risque. Pourtant, l'innovation est décrétée comme l'unique voie pour maintenir notre prospérité. Où sont les chefs qui montrent et ouvrent cette voie ?
Hans Hess président de Swissmem a qualifié la situation d'assez grave dans un article de l'AGEFI. Il dit que 35% des entreprises de la branche font des pertes et qu'il faudra deux ans pour s'adapter et renouer avec les bénéfices. Pendant ce temps c'est 10'000 postes de travail qui passent à la trappe.
Un cas réel, une opportunité Après plusieurs années de développement et près du million d'investissements, un ingénieur est passé de l'idée au démonstrateur, puis il a réalisé un prototype opérationnel. Il a construit une machine qui rectifie les bagues de roulement à billes à une cadence deux fois plus rapide que la meilleure machine actuellement sur le marché. Il faut maintenant passer au stade industriel pour fabriquer la première série de Phœnix. Là, c'est le vide total. Aucune possibilité de crédit, aucun industriel courageux, aucun intérêt des promotions économiques. Notre Conseil fédéral pose dans un site industriel mais c'est comme au cinéma. Nos conseillers font de la figuration dans un décor.
Une avancée technologique sur pause Le prototype est prêt. Phœnix ne coûte pas plus cher que les machines actuelles et il est possible de produire moins cher qu'en Chine, en Corée ou aux Indes. La technologie est à saisir. L'ingénieur est disponible pour accompagner le processus de fabrication. Pourtant, dans le climat actuel, impossible de trouver des investisseurs et des partenaires industriels qui misent sur l'avenir. Est-ce grave docteur ? La Coopérative Pôle Innovation Compétence (C-PIC) pousse ce projet fabuleux qui pourrait contribuer au maintien d'une industrie des machines en Suisse. Elle fait appel à des industriels avertis, à des politiques engagés, à des financiers visionnaires.
L'ingénieur offre sa machine contre un salaire mensuel du directeur du Crédit Suisse ou de l'UBS. Il échange 5 années de travail dans l'incertitude de la recherche contre un mois dans la finance virtuelle. Nous inaugurons en juin 2016 le plus long tunnel ferroviaire du monde mais nous ne trouvons pas de moyens pour maintenir et développer notre tissu industriel. Les premiers tunnels du Simplon, du Gothard ou les grands barrages ont été construits par des pionniers visionnaires comme nos trains de montagne. Qui prend encore de la hauteur aujourd'hui ?
CNN Narcisse Niclass
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Gianfranco Passoni,
ingénieur en électromécanique
chef d'entreprise
La rectifieuse
Prototype 20:1 (2004) |