Sa voiture prend feu
CARBURANT De l'essence à la place du diesel, une étourderie qui pourrait coûter cher au député genevois Pierre Weiss.
Une simple étourderie. Le député genevois Pierre Weiss a été victime de cette confusion qui touche des milliers de Suisses chaque année. Jeudi dernier, le libéral s'est trompé de pompe à la station Shell de Champel, sise rue Michel-Servet.
C'est de l'essence qu'il a mise dans sa voiture «de fabrication indienne», nous n'en saurons pas plus – en lieu et place du diesel idoine. «Elle a pris feu», explique l'intéressé. «C'est Pierre Weiss qui brûle rue Michel-Servet», s'amuse-t-il en référence au théologien mort sur un bûcher en 1553 en raison de ses idées trop radicales. Reste que sur le moment il avoue avoir été «quand même un peu secoué».
Car contrairement aux clients qui réalisent très vite leur erreur, Pierre Weiss a immédiatement repris le volant. «J'ai roulé 500 mètres, puis je me suis rendu compte au bruit que quelque chose ne tournait pas rond.» De retour au garage, quelques flammes s'échappent, rapidement maîtrisées par l'extincteur d'un chauffeur de camion.
La solution existe
Anxieux, il attend désormais le verdict de son garagiste. Des frais qui peuvent atteindre plusieurs milliers de francs et ne sont pas pris en compte par l'assurance. Mais à quoi donc était occupé l'esprit de Pierre Weiss? Selon la station essence en question, si effectivement il y a régulièrement quelques têtes en l'air, les marqueurs colorés situés sur le pistolet et au bord du réservoir suffisent généralement à remarquer à temps toute erreur. «Peut-être que je pensais aux comptes de I 'Etat, qui me préoccupent», répond Pierre Weiss. Et de poursuivre: «Et je me demande si je ne vais pas réfléchir à un système qui empêcherait de mettre de l'essence dans une voiture diesel et le présenter au prochain Salon des inventions.» Peine perdue. Cela existe déjà. Un garagiste de Saint-Maurice (VS), Fabrice de Gol, avait gagné la médaille d'or du dernier Salon une telle trouvaille, qui se visse sur le réservoir. Il coûte 99 fr., et s'adapte sur tous les modèles.
5000 cas par an en suisse
Selon le TCS, 5000 interventions par an sont effectuées en Suisse pour une erreur de carburant. «Si on met du diesel dans un véhicule à essence, ce n'est pas très grave, explique Moreno Volpi, porte-parole. L'inverse en revanche n'est pas bon du tout!» Il faut alors immédiatement purger la voiture. Les conséquences peuvent être fâcheuses, particulièrement si le conducteur ne s'en rend pas compte et reprend le volant. Autre souci: l'essence contenue dans les réservoirs des stations d'essence. Selon une étude parue dans Bon à Savoir en avril dernier, 40% des stations essence de Suisse romande proposaient du diesel «pollué» par des résidus d'essence, donc dommageable pour les moteurs sur le long terme. «Même une toute petite quantité d'essence est déjà néfaste», explique le TCS, qui précise que ce problème a depuis lors été réglé, les cuves des camions-citernes étant désormais utilisées exclusivement pour l'un ou l'autre produit.
Le Matin - Jeudi 08.07.2010 |